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Des violences à Tunis en marge d'une manifestation interdite

Une manifestation, non-autorisée, dans le centre ville de Tunis a été violemment dispersée par les forces de l'ordre. Une journaliste française a été molestée. Le président tunisien Moncef Marzouki a condamné une "violence inacceptable" du côté de la police comme des manifestants.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées en milieu
de matinée sur l'avenue Habib Bourguiba, la plus grande artère de Tunis,
interdite aux manifestations.

Un rassemblement pour commémorer la journée des
martyrs tunisiens, souvenir de la répression sanglante par les troupes
françaises d'une manifestation à Tunis le 9 avril 1938. Les manifestants
voulaient aussi protester contre l'interdiction de se rassembler sur cette avenue
depuis le 28 mars.

Plus de 20 blessés

La réponse des autorités ne s'est pas fait attendre. Les policiers
casqués et matraque à la main ont immédiatement dispersé à coups de gaz
lacrymogènes les manifestants, qui se sont enfuis dans des rues perpendiculaires.
Selon un témoin, des personnes ont été tabassées, blessées et arrêtées. La
correspondante de l'hebdomadaire français Le Point a été prise à partie et molestée
par les forces de l'ordre. Il y a au moins 15 blessés côté manifestants, selon des sources hospitalières, et huit dans les rangs des policiers, selon le ministère de l'Intérieur.

Dans la soirée, le président Marzouki dénoncé "un degré de violence inacceptable ", déplorant "le bras de fer inacceptable entre l'Etat qui a
interdit les manifestations sur l'avenue Bourguiba et ceux qui délibérément enfreignent cette interdiction
".

Cette répression intervient un peu plus d'un an après le
printemps arabe sur l'artère symbole de la révolution tunisienne. Mokhtar
Trifi, le président de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme s'est d'ailleurs
dit consterné :

"Les gens que la révolution a amenés au pouvoir sont
aujourd'hui ceux qui nous empêchent de manifester."

Le porte-parole du
ministère de l'Intérieur a justifié l'attitude des autorités en expliquant à la
radio :

"On ne va pas laisser s'installer le chaos. Les gens ont la
possibilité de manifester ailleurs que sur l'avenue Bourguiba."

Cette artère est interdite aux rassemblements en raison d'incidents
en marge d'une manifestation d'islamistes le 28 mars dernier. Ils s'en étaient
pris à des artistes. 

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