Des militaires ont arrêté jeudi le Premier ministre Carlos Gomes Junior et menacé de le tuer
Ils ont pris le contrôle de la capitale de ce petit état pauvre d'Afrique de l'Ouest, plaque tournante d'un important trafic de cocaïne.
Pour sa part, le président du pays, Malam Bacai Sanha, qui n'a pas été inquiété par les mutins, a assuré sur une radio portugaise que la situation était "calme", invoquant une "confusion entre militaires".
"Nous allons essayer de travailler afin de résoudre le problème qui existe", a-t-il ajouté. Outre le Premier ministre, les mutins ont arrêté le chef d'état-major de l'armée, le général José Zamora Induta, et une "quarantaine d'officiers".
Des centaines de personnes, sympathisants du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert (au pouvoir), se sont mobilisées devant le siège du gouvernement dans la capitale Bissau pour demander sa libération. "Libérez Cadogo [surnom du premier ministre, NDLR], nous en avons assez des violences", scandaient les manifestants.
Le chef d'état-major adjoint, le général Antonio Indjai, a assuré avoir pris la direction des forces armées. Il a annoncé qu'il voulait faire juger Carlos Gomes Junior et a menacé de l'"assassiner" si des manifestations en sa faveur ne cessaient pas. "Je suis en train de perdre patience, si les jeunes continuent encore à occuper les rues, je vais assassiner Cadogo", a assuré un peu plus tard le général Antonio Indjai. "Cadogo est un criminel et il doit être jugé comme tel", a-t-il ajouté.
En mars 2009, le président Joao Bernardo Vieira, élu en 2005, avait été tué par des militaires à Bissau, quelques heures après l'assassinat du chef d'état-major. L'actuel président bissau-guinéen Malam Bacai Sanha, 62 ans, a été élu le 26 juillet 2009 sous la bannière du PAIGC. Il a été soigné pour raisons de santé pendant plusieurs semaines, notamment à Paris, à la fin de l'an dernier.
L'armée affirme sa "soumission au pouvoir politique"
Le coup de force de militaires mutins est "un problème purement militaire" et l'armée "réitère son attachement et sa soumission au pouvoir politique", a affirmé le nouveau chef des forces armées, le général Antonio Indjai. "Les forces armées bissau-guinéennes tiennent à informer l'opinion nationale et internationale que les événements survenus ce jeudi matin sont un problème purement militaire qui ne concerne donc pas le pouvoir civil en place", selon un communiqué signé par le général Indjai.
Réactions internationales
Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a dénoncé jeudi un "coup d'Etat".
Le Portugal a "condamné avec véhémence" les troubles et appelé au "retour immédiat" de l'ordre constitutionnel dans son ancienne colonie. "Nous voulons voir l'ordre constitutionnel restauré", a fait savoir le Département d'Etat à Washington.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a condamné avec "véhémence" les "tentatives de déstabilisation" et appelé au "retour immédiat" de l'ordre
constitutionnel.
La Guinée Bissau est un petit pays d'Afrique de l'Ouest, au sud du Sénégal, dont la population de 1,5 millions d'habitants est une des plus pauvres du monde. Le pays, marqué par l'instabilité et une série de coups d'Etat depuis son indépendance en 1974, a été ravagé par une guerre civile à la fin des années 90. Baigné par l'Atlantique, il est considéré comme un pays de transit pour le trafic de la cocaïne sud-américaine vers l'Europe. L'armée y est très influente. Son implication dans le narcotrafic a souvent été évoquée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.