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Démanteler l'arsenal chimique syrien ? Très long, très compliqué

La proposition russe - placer l'arsenal chimique syrien sous contrôle international - commence à recueillir l'approbation de la communauté internationale. Ce qui éloigne le spectre d'une intervention armée : la France va déposer ce mardi un projet de résolution, qui "exige la lumière" sur le programme syrien d'armes chimiques. Mais démanteler l'arsenal sera très difficile à organiser, confesse Laurent Fabius. Les experts redoutent que les autorités syriennes ne jouent au chat et à la souris avec les inspecteurs...
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Mohamed Abdullah Reuters)

Si Laurent Fabius veut se persuader que la fermeté a payé - selon lui, la menace de frappes sur la Syrie a pu inciter la Russie à faire cette proposition qui rallie désormais tous les suffrages : placer les stocks d'armes chimiques sous contrôle international -, le ministre des Affaires étrangères reste très prudent : la destruction de l'arsenal chimique sera "très compliquée" à organiser, dit-il. 

Toujours est-il que, dans l'immédiat, la France va déposer ce mardi un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU, pour "condamner le massacre du 21 août" et "exiger la lumière" sur le programme syrien d'armes chimiques.

Très compliqué... et très long. Plus d'une décennie, pronostiquent les experts. A titre d'exemple, les Etats-Unis et la Russie, qui possédaient respectivement 30.000 et 40.000 tonnes d'agent chimique militaire au moment de la signature, en 1993, de la Convention d'interdiction des armes chimiques, n'ont toujours pas terminé de démanteler leur arsenal.

La Syrie, elle, n'a pas ratifié cette fameuse Convention. Elle posséderait 1.000 tonnes d'armes chimiques - du gaz sarin, du gaz moutarde et du VX, un gaz innervant. Toute la difficulté sera de localiser les stocks - pourra-t-on compter sur la bonne volonté des autorités ? Et qui supervisera leur destruction ?

Cache-cache en perspective ?

Sans doute pas la Russie. Même s'ils sont à l'origine de cette proposition, il est difficile de leur faire confiance "Il faut un contrôle international" , martèle Laurent Fabius. Sous égide de l'ONU, donc. Avec des inspecteurs "neutres".

Après, toute la difficulté sera sans doute de mettre la main sur ces fameuses armes. Les experts estiment qu'il faudra des mois pour localiser les stocks - si les autorités ne les déplacent pas entretemps... Officiellement, le régime a plutôt accueilli favorablement la proposition russe. Mais, comme le confie un haut responsable américain, "on est en pleine guerre civile, le régime syrien massacre son propre peuple. Est-ce que quelqu'un pense vraiment qu'il va brusquement cesser de tuer pour permettre aux inspecteurs de sécuriser les armes chimiques et de les détruire ?"

Tous ont encore en mémoire les années de cache-cache en Irak, entre les inspecteurs de l'ONU et Saddam Hussein ; ou la Libye, qui avait officiellement renoncé à son programme d'armes de destruction massive mais continuait à en posséder...

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