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De l'utilité du Zombie en scénario de crise

«Se préparer à une apocalypse zombie, c’est se préparer aussi à un séisme, une inondation, une tornade, un attentat…», explique très sérieusement le Centre américain de Contrôle des Maladies (CDC, situé à Atlanta) qui s'intéresse aux zombies comme hypothèse. L'occasion de former le public à la survie...et de réfléchir à l'effondrement de l'humanité.
Article rédigé par zacharie boubli
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Les caractéristiques des zombies peuvent varier d'une œuvre à l'autre. Tous sont morts, voraces, en décomposition et peu ou pas intelligents. Il est rare mais possible de rencontrer des zombies rapides. Certaines espèces peuvent souffrir du froid et de la faim. (Joel Friesen)

Entendons-nous : les zombies ne sont pas pour demain. Mais quand on veut se préparer au pire, il faut savoir imaginer le pire, en l'occurrence un "scénario Zombie", comme il existe des «scénario Tchernobyl» ou un «scénario Seveso».

Admettons donc que la fièvre Z (comme zombie) apparaisse l’année prochaine et commence à transformer les gens en morts-vivants décérébrés et anthropophages. Une supposition déroutante pourtant à la base d'un véritable cours, avec checkliste d'objet à emporter, conseils médicaux, bande-dessinée de sensibilisation... Cette hypothèse de travail permet au CDC d'envisager la pire catastrophe que l'Humanité pourrait avoir à affronter. Et on voit mal ce qui pourrait être pire que des cadavres réanimés déterminés à dévorer toute vie sur Terre.


«Nous avons tous notre part d'erreur dans cette tragique histoire, mais nous savons que quelque chose de bien pire va nous tomber dessus. Cette contagion a utilisé toutes nos faiblesses. C'est un dernier rappel à l'ordre pour prendre les bonnes dispositions», avait déclaré au «Monde» le Dr Formenty, en parlant d'Ebola. 
 
Le CDC dispose de presque deux fois plus de moyens que l’OMS et publie des guides de préparation à l’apocalypse zombie. Il serait le plus à même d’identifier l’épidémie Z. Mais pas forcément de la combattre. D'autant que l'urgence Zombie obligerait à suspendre immédiatement tout principe démocratique au profit de mesures radicales (bloquer l’exode, tester de force toute la population, tirer des balles dans la tête des contribuables infectés…).
 
Ils existent
Comme pour le virus Ebola, la pandémie ne serait pas repérée et circonscrite assez vite. Par incrédulité : qui croirait sans hésitation à l’apparition de zombies ? Ou par peur : les premiers gouvernements confrontés au problème auraient tout intérêt à le cacher par peur d’apparaître affaiblis ou de créer une panique, comme le fit la Chine avec le SRAS. D’autres acteurs ne manqueraient pas de crier au complot.
 
«Lorsqu'il s'agit d'un ennemi invisible, dont personne n'a une idée très claire, dans un pays dont le système de santé est défaillant, alors là, oui, l'intervention de l'OMS est essentielle.» Les explications du Dr De Le Vigne sur Ebola vaudraient donc aussi pour la fièvre Z. Hélas, l’OMS, tout comme le CDC, ne dispose pas de forces de combat contre les zombies.
 
Envoyer des militaires sur place comme l’a fait Barack Obama au Libéria en septembre 2014 serait une solution… mais à adopter immédiatement (et non pas 7 mois après le début de l’épidémie).
 
De la propagation à la panique
Les exemples récents du SRAS ou du H5N1 ont montré comment la panique pouvait être déclenchée ou entretenue par les médias. La fièvre Z a peu de chance d’être curable, mais les gouvernements et l’industrie pharmaceutique tenteraient néanmoins de créer un lucratif antidote.
 
«L’avion est un facteur-clé de la propagation des épidémies au plan mondial», reconnaît Olivier de Fenoyl, médecin du Centre interprofessionnel d’Etudes et Examens médicaux. Comme la plupart des versions de la fièvre Z ne se déclenchent pas tout de suite après contamination (comme on peut le voir dans la littérature et le cinéma), la contagion au monde entier serait donc tout à fait possible tant que la maladie n’est pas identifiée.
 
De l’exode à la guerre
De par sa nature, la fièvre Z se propage d’autant plus vite qu’une zone est densément peuplée. Les régions surpeuplées d’Asie de l’Est et du Sud-Est devraient donc être les plus durement touchées, mais on observera partout des colonnes d’exode urbain.
 
Les gouvernements auraient alors à contrôler ces immenses flots humains. Il n’est pas garanti que les forces de sécurité restent loyales dans une situation où il leur serait demandé d’être en première ligne. Dans des pays où l’allégeance des militaires au pouvoir politique est faible (comme dans le monde arabe), on peut s’attendre à voir les armées penser d’abord à leur propre survie. Et donc désobéir aux ordres politiques, s’emparer de ressources vitales, abandonner des civils à leur sort…
 
D’ailleurs, la guerre contre les zombies serait pour les meilleures armées du monde l’occasion d’une «Révolution dans les Affaires Militaires». Plus besoin de drones de combat, d’arsenal nucléaire, de balles perforantes… L’armée qui vaincra les zombies sera une force d’infanterie disciplinée dotée d’armes à feu simples, d’une quantité énorme de munitions et sachant combattre au corps à corps, dans une cohésion digne de la légion romaine.
 
Cosplayeuse de miliraire infectée par la fièvre Z. Qu'une arme s'enraye face aux zombies et c'est la morsure assurée. (Alexa Grayhart)

Les pays les mieux préparés à l’offensive zombie sont ceux qui sont protégés par des reliefs difficiles (pays insulaires, montagneux ou désertiques), dotés de populations armées, disciplinées et solidaires et capables de produire de la nourriture et des matériaux. Cuba, l’Islande, le Sahel, les îles du Pacifique, la Suisse, le Texas, l’Afghanistan, la Sicile ou Israël deviendraient des lieux recherchés…
 
Les tribus guerrières afghanes équipées d'increvables AK-47 et solidement implantées dans des réduits montagneux pourraient bien survivre à l'apocalypse zombie. ( Lt. j. g. Joe Painter)

Gouvernements et sociétés en péril
Les forces politiques capables de survivre devraient continuer à fonctionner malgré une menace très grave et des ressources très limitées. Dès lors, des mesures «spéciales» seraient mises en œuvre.
 
Dans le roman World War Z décrivant sur un mode réaliste la réaction des humains à l’apparition de zombies, l’auteur Max Brooks met en scène le Plan Redecker. Conçu en Afrique du Sud, il consiste à regrouper les noyaux politiques et militaires sur des îles sécurisées. La masse des survivants n’y aurait pas accès mais serait installée dans des forteresses situées sur les continents.
 
Celles-ci fonctionneraient comme des appâts servant à concentrer les zombies pour les détourner des îles réservées aux élites et aux «utiles». Mais pas forcément les banquiers, les avocats, les politiques...

La guerre contre les zombies a besoin en priorité de cultivateurs, d’ouvriers qualifiés, de médecins, d’ingénieurs civils ; pas de communicants, d’avocats d’affaires, de traders, de publicitaires…

Si la menace zombie était vaincue, elle aurait provoqué une révolution sociale.

Réfléchir à la menace zombie, c’est réfléchir à l’effondrement des sociétés. Impensable ? Il n’est pas si loin le temps où le monde était près de disparaître dans une guerre nucléaire… et il n’est pas si loin le temps où les ressources naturelles viendront à s’épuiser.

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