Chanel fait défiler pour la première fois ses modèles à Cuba

Robes de cocktail scintillantes, coloris rose et turquoise, panamas et bérets : Chanel est devenue, mardi 3 mai, la première maison de haute couture à organiser un défilé en plein air sur le Paseo del Prado, l'un des principaux boulevards de La Havane. Ce show de 25 minutes, sur fond de musique cubaine jouée en direct, s'ajoute à une série d'événements qui ont marqué l'actualité récente de l'île, comme la visite de Barack Obama en mars, le concert des Rolling Stones et le tournage de la saga Fast and furious.

"Tout le monde veut connaître la pomme interdite"

Cet événement, orchestré par Karl Lagerfeld et auquel assistaient de nombreuses célébrités, dont les actrices Vanessa Paradis et Tilda Swinton ou le mannequin Gisele Bündchen, est une manifestation supplémentaire de l'ouverture de l'île communiste.

"Finalement, le monde s'ouvre à Cuba. Tout le monde veut connaître la pomme interdite, tout le monde veut la découvrir, la savourer, en profiter, l'explorer", a déclaré Mariela Castro, fille du président Raul Castro et directrice du Centre national d'éducation sexuelle.

Le défilé renvoyait aux années pré-révolutionnaires, quand Cuba était un lieu de villégiature prisé pour ses hôtels, ses casinos et sa vie nocturne. Les bérets pailletés revisitaient, eux, la coiffe légendaire d'Ernesto Che Guevara, héros de la révolution castriste.

Un étalage d'opulence critiqué par certains Cubains

Karl Lagerfeld, directeur artistique de la maison depuis 1983, a expliqué que sa collection croisière 2016-2017 s'inspirait de "la richesse culturelle et de l'ouverture de Cuba".

Installés sur les terrasses et les balcons, des Cubains, très modestes, en pantalon court et chemise, faisaient des gestes de la main en voyant arriver les invités dans les vieilles autos colorées de la ville. Mais, dans un pays où les salariés des entreprises d'Etat gagnent en moyenne l'équivalent de 25 dollars par mois, la venue de Chanel a aussi été critiquée par certains Cubains, qui y ont vu un étalage d'opulence et de richesse hors de leur portée.