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Crise migratoire : la Turquie fait monter les enchères à Bruxelles

Les bases d’un accord ont été jetées mardi entre l’Union européenne et la Turquie pour stopper l’afflux de migrants. Bruxelles se donne jusqu’au 17 mars pour examiner les propositions d’Ankara à six milliards d’euros.
Article rédigé par Quentin Dickinson
Radio France
Publié Mis à jour
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  (Le Premier ministre Ahmet Davutoglu à gauche, aux côtés de Donald Tusk, président du Conseil européen © Sipa / Geert Vanden Wijngaert)

Un deuxième sommet entre l'Union européenne et la Turquie a été fixé au 17 mars, ce qui donne dix jours aux deux parties pour s'entendre sur les moyens de résoudre la crise migratoire. La future coopération passerait par un règlement financier et des mesures pour les citoyens turcs.

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La formule turque du "un pour un"

Ankara a proposé de reprendre tout migrant indésirable en Europe et de le renvoyer ensuite vers son pays d’origine à la condition que l’Union européenne accueille en contrepartie un syrien, actuellement dans un camp en Turquie. Il s’agit en résumé d’échanger un migrant illégal contre un réfugié reconnu comme tel.

Si un accord est trouvé sur cette formule d’ici le 17 mars, une noria humaine sera appelée à se développer à grande échelle. L’objectif est à la fois de renvoyer le plus grand nombre possible de migrants illégaux actuellement sur le territoire européen et de rendre sans objet le recours aux filières de passeurs, par les migrants potentiellement légaux.

La facture d'Ankara a doublé

Pour le prix de leur coopération, les Turcs entendent doubler le tarif. Là où les Européens pensaient poser sur la table trois milliards d’euros pour la construction et l’entretien de camps aux normes européennes en territoire turc, désormais Ankara veut six milliards. La Turquie veut aussi accélérer une procédure promise pour ses ressortissants, afin que d’ici le mois de juin, ils ne soient plus soumis à un visa pour les séjours de courte durée.

Depuis début 2015, l'Union européenne, a accueilli plus d'un million de demandeurs d'asile fuyant la guerre et la pauvreté, notamment en provenance de Syrie. La chancelière allemande, Angela Merkel, le Premier ministre britannique, David Cameron et le président François Hollande se sont félicités des propositions qu'ils estiment à même de mettre fin à la crise migratoire. François Hollande a jugé que la Turquie devait "être aidée, puisqu'elle accueille 2,5 millions de réfugiés aujourd'hui". Selon le président français, la Turquie doit aussi "être soutenue pour ce qu'elle doit faire" , à savoir "les procédures de réadmission et la lutte contre les trafics et les passeurs" .

"La Turquie bénéficiera de trois milliards d'euros. Si c'est nécessaire, l'aide pourra être augmentée" : François Hollande à l'issue du sommet entre l'Union européenne et la Turquie.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne ont aussi abordé la situation en Grèce. Ils se sont engagés à l'aider à régler le problème des 30.000 migrants bloqués sur son territoire.

 

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