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Crimée : l'Ukraine annonce qu'elle ne répondra pas aux "provocations" russes

Des gardes côtes ukrainiens arrêtés, des "frontières" contrôlées par des miliciens, des hommes armés dans la capitale, des aéroports fermés et des télévisions occupées : l'Etat ukrainien semble avoir perdu sa souveraineté en Crimée, avec la complicité de la Russie. Moscou a dépêché plusieurs milliers de soldats et des blindés dans la péninsule. L'Ukraine proteste mais annonce qu'elle ne répondra pas aux "provocations" russes.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Les couleurs ukrainiennes ont bien du mal à flotter ce matin, au dessus de la Crimée. Les drapeaux les plus visibles portent celles - blanches, bleues et rouges - de la Russie. Et dans les faits, l'Etat ukrainien semble bien avoir perdu sa souveraineté sur cette péninsule qui s'avance dans la mer Noire.

Aux frontières de la Crimée, inutile de chercher un policier ou un douanier ukrainien. Ceux qui contrôlent les voyageurs qui veulent passer sont des miliciens aux uniformes hétéroclites. Ces barrages se sont montés un peu partout. Ainsi à Sébastopol, des hommes en treillis font-ils signes aux voitures de s'arrêter, toujours sous le drapeau russe. Tout ce qui vient de Kiev n'y est pas le bienvenu. Et ces miliciens craignent de voir débouler les révolutionnaires de Maïdan, comparés aux  nationalistes ukrainiens qui ont combattu du côté des nazis durant la seconde guerre mondiale.

Maïdan, c'est aussi le chiffon rouge pour ceux qui ont encerclé, hier, un poste-frontière dans le secteur de Balaclava : "nous sommes ici pour des exercices militaires conjoints, pour empêcher une répétition de ce qui s'est passé à Maïdan ", ironise un homme en uniforme de la flotte russe de la mer Noire, basée à Sébastopol. Sébastopol qui s'est choisi un nouveau maire depuis cette semaine, Alexeï Tchalii, citoyen russe, comme de nombreux habitants de Crimée. Normalement, c'est Kiev qui nomme l'édile.

La Crimée ukrainienne depuis 1954

Dans cette ville comme dans la capitale, Simféropol, les aéroports sont désormais fermés. Les connexions à internet sont perturbées et deux télévisions sont occupées par des miliciens.

Transférée en 1954 dans le giron de Kiev par un chef d'Etat soviétique, Nikita Khroutchev, la Crimée rêve de revenir dans le giron de Moscou : "nous voulons la justice historique ", entend-on dans les rues de Sébastopol, ville créée par le Russe Potemkine à la fin du XVIIIème siècle et peuplée de retraités et de descendants des marins de la flotte russe de la mer Noire.

L'armée russe en mouvement

A ces appels du pied. Moscou ne répond pas. Pas officiellement. Mais des parlementires ont fait le déplacement et les troupes russes ne restent pas l'arme au pied. 2.000 militaires ont été transférés en Crimée. Ils pourraient faire mouvement pour quadriller la région. Des chars et des soldats russes ont pris position à tous les points névralgiques de Simféropol. Officiellement en conformité avec les accords conclus avec Kiev dans le cadre de la présence de la flotte.

Kiev refuse l'escalade militaire

Mais Kiev ne voit pas les choses de cet oeil. Le ministre de la Défense accuse Moscou d'avoir dépêché 6.000 hommes en Crimée. Le nouveau premier ministre, Arseni Iatseniouk a protesté contre le fait que "des véhicules militaires blindés russes se montrent dans le centre des villes ukrainiennes ". Mais il a aussi précisé que son pays ne serait pas entraîné dans un conflit militaire par des "provocations " de la Russie en Crimée et il demande à Moscou de cesser ses mouvements de troupes.

 

 

 

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