Ukraine : de quels moyens dispose-t-on pour découvrir les causes du crash du MH17 ?
La communauté internationale réclame l'ouverture d'une enquête indépendante sur le crash d'un avion de Malaysia Airlines en Ukraine, qui serait dû à un tir de missile sol-air, selon les Etats-Unis.
Au lendemain du crash du Boeing 777 de Malaysia Airlines en Ukraine, la communauté internationale réclame des réponses concernant les circonstances du drame. Des enquêteurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) sont ainsi arrivés sur les lieux du drame qui a fait 298 morts vendredi 18 juillet, afin de commencer l'étude des débris.
Mais quels sont les moyens dont on dispose pour découvrir les causes du crash du MH17, qui devait assurer la liaison Amsterdam-Kuala Lumpur ?
Ouvrir une enquête internationale
Les autorités malaisiennes ont annoncé, vendredi, l'ouverture d'une enquête sur le crash du vol MH17 de la compagnie malaisienne dans l'est de l'Ukraine. Les recherches dirigées par Kuala Lumpur pourraient toutefois prendre une dimension internationale. Le bureau néerlandais pour la sécurité (OVV) a en effet déjà annoncé qu'une équipe serait dépêchée sur place le plus rapidement possible, rapporte l'AFP. Plus tôt dans la matinée, la France et les Etats-Unis avaient eux aussi proposé leur aide pour les recherches.
Le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'est réuni en urgence vendredi après-midi, a en outre réclamé une "enquête internationale complète, minutieuse et indépendante". Dans la foulée, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OIAC), rattachée à l'ONU, a proposé à l'Ukraine de réunir une équipe d'experts internationaux pouvant participer à l'analyse des données et des débris de l'avion.
Etudier les boîtes noires, sans grand espoir
Les services de secours ukrainiens ont annoncé, vendredi, avoir retrouvé les deux boîtes noires du vol MH17, à proximité de la zone du crash. Pour l'heure, on ne sait pas où elles vont être acheminées, ni dans quelles conditions les enquêteurs pourront les récupérer.
Il est peu probable que les informations enregistrées par les boîtes noires permettent aux experts de déterminer les causes exactes du drame. Les données audio de l'avion pourraient toutefois indiquer si les pilotes ont vu un missile arriver, rapporte le Nouvel Observateur. Le MH17 est un appareil commercial qui n'est pas nécessairement doté d'un détecteur de missile, "il n’est donc pas certain que les pilotes aient pu voir quelque chose", nuance toutefois le Bureau d'enquêtes et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile (BEA), interrogé par le magazine.
L'enregistrement audio pourrait en outre permettre aux experts d'entendre une éventuelle explosion durant les dernières minutes de vol. Mais les boîtes noires ont peu de chance d'apporter des réponses concernant l'origine du tir ayant peut-être causé le crash du Boeing malaisien.
Inspecter les débris pour détecter des traces d'explosif
Les experts devraient en revanche en apprendre plus grâce à l'analyse de la carcasse de l'avion, qui pourrait permettre de confirmer son explosion en plein vol. Selon Robert Goyer, rédacteur en chef de la revue Flying Magazine, interviewé par Time (en anglais), les débris se concentrent sur une zone très réduite lorsque l'avion s'écrase alors que les pilotes tentent de garder le contrôle. Dans le cas du MH17, les morceaux de carcasse sont éparpillés sur plusieurs kilomètres carrés, ce qui semble indiquer qu'il s'est disloqué alors qu'il était à très haute altitude.
Les experts pourraient aussi confirmer très rapidement le type d'engin qui a touché l'appareil, selon Robert Goyer. "Une fois qu'ils auront trouvé la signature chimique de l'explosif, ils seront capables de dire avec certitude quel type d'explosif a causé l'accident et sans doute où et par qui il a été fabriqué", indique-t-il. Selon Time, l'éparpillement des débris et la gravité des dégâts constatés sur la carcasse ne peuvent s'expliquer que de deux façons: "soit l'avion a été frappé par un missile - la théorie privilégiée par les autorités -, soit une bombe a explosé à bord".
Analyser les données des services de renseignement
Barack Obama a affirmé, vendredi, que le Boeing malaisien avait été abattu par un missile, tiré depuis une zone contrôlée par les séparatistes prorusses. "Les yeux du monde entier sont tournés vers l'est de l'Ukraine, nous allons faire en sorte d'être sûrs que la vérité éclate", a promis le chef d'Etat américain. Selon les résultats de l'enquête préliminaire des services de renseignement américains, cités par CNN (en anglais), le MH17 aurait été frappé par un missile de type Buk.
Les Etats-Unis avaient déjà avancé, jeudi, que l'avion avait vraisemblablement été abattu par un missile sol-air. Un de leurs radars aurait détecté le lancement d'un missile, alors qu'un autre aurait enregistré une explosion à l'heure du crash du MH17. "Il est relativement aisé de repérer le départ d'un missile grâce à des moyens aéroportés ou satellitaires de détection de trace radar ou infrarouge", explique François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique, contacté par francetv info. Selon ce spécialiste des questions stratégiques, il est en revanche beaucoup plus compliqué d'identifier le type de missile utilisé ou son point de départ.
Toutefois, l'est de l'Ukraine est placé sous haute surveillance depuis le début des affrontements entre l'armée et les séparatistes pro-russes, rapporte Le Point. Plusieurs systèmes de détection de renseignements d'origine électromagnétiques, notamment français, pourraient donc permettre de déterminer la zone depuis laquelle le missile aurait été tiré. Selon Le Point, les Etats-Unis disposent d'un système d'alerte antimissile balistique permettant au Pentagone de "connaître les conditions de tir du missile, à quelques mètres près".
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