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Costa Concordia : un an après, l'heure des larmes et des comptes

Dimanche, il y aura un an jour pour jour que le Costa Concordia s'échouait au large de l'île toscane de Giglio. Les familles des 32 noyés réclament toujours justice, tandis que les rescapés souhaitent voir leur préjudice indemnisé. Dimanche, des cérémonies de commémoration sont organisées sur l'île de Giglio : les familles françaises n'y sont pas invitées par la compagnie.
Article rédigé par Ludovic Pauchant
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Maxppp)

Une nuit de 13 janvier 2012. Un monstre d'acier croise
tranquillement dans le calme des eaux italiennes. Luxe, calme et volupté pour les
quelque 3.200 vacanciers qui ont fait confiance à la compagnie Costa Crociere
et son vaisseau amiral, le Costa Concordia, pour une idylle estivale sur la
Méditerranée. Un peu avant 22h, le bateau parade à moins de 300 mètres de l'île
de Giglio, lumières allumées et sirènes hurlantes : chez les marins, on
appelle ça l'inchino. Une révérence, un salut enjoué, en somme, du bateau au
rivage maintenant très proche.

Trente deux noyés, dont deux jamais retrouvés

Puis un choc ébranle le navire : sa coque vient de
heurter un rocher qui déchire sa coque. Un flot continu de dizaines de milliers
de litres d'eau s'engouffre. Le bateau s'échoue, penche puis fait naufrage. L'alerte
est donnée trop tard. L'équipage est dépassé, le capitaine, paniqué, ne tardera
pas à quitter le navire.
A bord, des cris, des pleurs, chacun tente de sauver
sa peau : les chaloupes manquent, les gilets de sauvetage aussi. Certains
sautent dans l'eau glacée. Au lendemain du naufrage, on compte 32 noyés. Parmi
eux, six Français. Deux victimes ne seront jamais retrouvées. Le navire, lui,
trône toujours piteusement à une centaine de mètres de l'île, en attendant d'être
renfloué.

Le renflouage devrait avoir lieu au mois de septembre

La catastrophe écologique a été évitée, mais les opérations
de renflouage sont lentes, compliquées : le titan naufragé de 114.500
tonnes gît toujours près du port. Le renflouage a pris du retard : le
calendrier initial prévoyait l'enlèvement du bâtiment en février 2013, mais,
déjà en octobre,  les experts des
entreprises américaine Titan et italienne Micoperi, chargées de l'opération,
indiquaient déjà qu'il n'aurait pas lieu avant l'été. La région Toscane,
maintenant, l'espère pour le mois de septembre.

Les familles françaises des victimes privées de cérémonie à
Giglio

Douze mois après la catastrophe, des cérémonies sont
organisées sur l'île théâtre de la catastrophe : elles débuteront dimanche
à 10 heures avec la remise en mer du bout de l'écueil emporté par le Concordia
sur lequel sera fixée une plaque commémorative avec les noms des victimes.
Suivront une messe dans l'église qui a accueilli cette nuit-là les premiers
naufragés et une remise de médailles aux sauveteurs. Costa Crociere a d'ores et
déjà déconseillé aux rescapés de la tragédie de s'y rendre. En avançant que les
cérémonies étaient réservées aux familles des morts, elle invite notamment les
familles françaises à converger vers Paris, jugé plus central et plus commode d'accès.

Dans son courrier, signé du nouveau patron de Costa Crociere, l'Allemand Michael
Thamm, Costa explique que la journée de commémoration a été conçue comme "un
moment dédié aux familles de ceux qui ne sont plus parmi nous 
aujourd'hui ". "Nous sommes certains que
vous voudrez bien comprendre d'une part 
l'impossibilité - pour des raisons logistiques - de vous
accueillir tous sur l'île ce jour-là et d'autre part, le désir d'intimité
exprimé par les familles des victimes dans un moment si difficile
",
indique Costa dans sa lettre aux 3.200 passagers du Costa Concordia.

L'heure des comptes

L'heure est aussi aux comptes. Le 27 janvier dernier, un accord
entre la compagnie de croisières et une association de passagers accordait un
dédommagement forfaitaire de 11.000 euros par personne, plus les frais.
En
octobre, Costa annonçait que sur les 3.050 passagers n'ayant souffert d'aucun
problème physique, "environ 67% ont accepté le dédommagement proposé ". Les
autres se battent toujours pour obtenir davantage.

Huit personnes renvoyées devant la justice

Côté justice, après un an d'enquête, d'audition et d'expertise,
le parquet de Grosseto, s'apprête à demander le renvoi en justice de huit des
dix personnes impliquées, en classant sans suite la procédure pour les deux
dernières. Parmi les huit inculpés, dont des dirigeants de la compagnie
Costa Crociere, propriétaire du navire, et des officiers qui se trouvaient à
bord, le plus connu est le commandant du navire, Francesco Schettino, accusé de
naufrage, homicide par imprudence et abandon de navire. Il lui est interdit de
quitter sa commune sans autorisation judiciaire.

"Pire que Ben Laden"

Sa condamnation, tant pour son
irresponsable manœuvre de parade que pour son comportement peu élogieux pendant
les procédures d'évacuation, est particulièrement attendue. A-t-il, comme lui
reproche la justice, navigué trop près de l'île à grande vitesse pour un inchino
tous feux allumés ? A-t-il lancé la procédure d'évacuation trop tard ?
A-t-il minimisé la situation face à la capitainerie et abandonné le navire
avant la fin de l'évacuation ? Lundi dernier, celui que la presse italienne
appelle "le capitaine poltron " s'attristait d'avoir été dépeint
comme "comme étant pire que Ben Laden "
. Lui assure avoir sauvé de
nombreuses vies en faisant échouer le bateau près du rivage, et dément tout net
avoir abandonné le navire, affirmant être tombé dans un canot de sauvetage
lorsque le Concordia a basculé sur un flanc. Sans vraiment convaincre.

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