: Vidéo En Corée du Nord, ordre et obéissance jusque dans les foyers
Comment vit-on dans ce pays isolé du reste du monde ? "Envoyé spécial" a pu filmer le quotidien d'une "famille modèle" de Pyongyang, dont la vie est "écrite par le régime". Extrait.
Ce jeune couple nord-coréen et leur bébé ont accepté d'ouvrir les portes de leur appartement moderne. Un logement fourni par le maréchal Kim Jong-un ; ce dernier est même venu leur rendre visite. Au-dessus du canapé, dans le salon, trône une photo du Maréchal entouré du couple.
La "doctrine de Songun"
"Ici, c'est la chambre de notre petit chéri. Ici, c'est son lit. Ça, ce sont des cadeaux qui ont été offerts par le Maréchal à notre fils", désigne fièrement le jeune père. Accroché au mur, un uniforme militaire taille enfant, signe de leur allégeance au régime qui applique la "doctrine de Songun" – une politique qui donne toute priorité à l'armée.
En Corée du Nord, le service militaire dure dix ans. Avec plus de 1 million de militaires actifs et 8,2 millions de réservistes, c'est le cinquième pays le plus militarisé au monde. "J'espère que notre fils pourra être une arme au service de notre maréchal Kim Jong-un", renchérit le père.
Propagande en boucle
Dans le salon, une télé dernier cri diffuse en boucle des images à la gloire du régime. Une seule chaîne pour 24 millions de personnes, qui distille des messages de propagande au service du culte de la personnalité et du parti unique, ainsi que des vieux films de l'ex-bloc soviétique.
Interrogé sur les films étrangers, le père est catégorique : "Les films capitalistes sont obscènes. Les films socialistes nous correspondent, nous ressemblent. La télévision ne diffuse jamais de films américains pourris." Ici, regarder des films étrangers est passible d'emprisonnement. L'information et la "propagande" extérieures ne doivent pas parasiter les esprits des citoyens nord-coréens.
La faim, ennemie numéro 1 du régime
Pourtant, malgré l'omniprésence de l'Etat dans la vie de chacun, il semblerait que le tableau ne soit pas idyllique. Au milieu des années 1990, le pays a dû faire face à une famine effroyable, qui a coûté la vie à des centaines de milliers de citoyens. Une crise qui a montré les limites du pouvoir.
Dans sa cuisine, Mun Kang-Sun prépare le dîner, mais elle n'a pas l'eau courante. "On nous distribue du riz et d'autres produits alimentaires de base, comme de l'huile, de la sauce de soja, de la pâte de soja, des œufs, des légumes. Mais comme la quantité de légumes qu'on nous fournit chaque année n'est pas suffisante, on va de temps en temps au marché pour en acheter." Interrogée sur la grande famine de 1990, la jeune femme est visiblement mal à l'aise. Puis elle se ressaisit : "Nous savions que tant que nous avions la direction de notre général Kim Jong-il, nous surmonterions tous les obstacles. Même avec une soupe de riz, nous n'avions pas faim."
Extrait de "Corée du Nord : le pays du secret", un reportage d'"Envoyé spécial".
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