Cet article date de plus de six ans.

Espionnage : "La DGSI veut faire passer le message que tout Français pris la main dans le sac sera puni"

Selon le directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, "on voit se multiplier la mise en cause de citoyens Français qui sont soupçonnés de collaborer avec l’ennemi".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Image d'illustration. Logo de la DGSI. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"La DGSI veut faire passer le message que tout Français pris la main dans le sac en donnant des renseignements à une puissance étrangères sera puni", affirme sur franceinfo mardi 27 novembre Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, après la mise en cause d’un haut fonctionnaire du Sénat, soupçonné de livrer des informations à la Corée du Nord. Benoît Quennedey a été placé en garde à vue pour "recueil et livraison d’informations à une puissance étrangère".

Le pays de Kim Jong-un "a du mal à recruter massivement, parce que l’image négative dont il bénéficie et l’idéologie totalement archaïque à laquelle il adhère ne facilite pas le recrutement", estime Eric Denécé. Mais, le spécialiste du renseignement ajoute que "ce recrutement peut être obtenu par d’autres façons, par l’argent, par l’intérêt"

franceinfo : La Corée du Nord a-t-elle beaucoup d’agents sur la planète ?

Eric Denécé : On ne le sait pas. On peut quand même penser que ce régime a du mal à recruter massivement, parce que l’image négative dont il bénéficie et l’idéologie totalement archaïque à laquelle il adhère ne facilite pas le recrutement. Mais ce recrutement peut être obtenu par d’autres façons, par l’argent, par l’intérêt.

Ces difficultés de recrutement sont-elles spécifiques à la Corée du Nord ?

L’espionnage existe de tous les temps et ne cesse de s’accroître depuis la guerre froide, d’abord parce que nous sommes dans des rivalités tous azimuts, donc il n’y a pas uniquement deux camps, comme c’était le cas jusqu’en 1991. Le second aspect, c’est que nos services de contre-espionnage travaillaient essentiellement sur le terrorisme et il y avait eu une réaffectation des effectifs à la lutte anti-terroriste et cela a changé depuis 3-4 ans. C’est ce qui explique pourquoi depuis quelques temps, on voit se multiplier la mise en cause de citoyens Français qui sont soupçonnés de collaborer avec l’ennemi, que ce soit la Chine ou la Corée du Nord, notamment parce que la DGSI veut faire passer le message que tout Français pris la main dans le sac en donnant des renseignements à une puissance étrangères sera puni.

Pour vous, c'est la DGSI qui veut communiquer, donc d'autres cas sont passés sous silence ?

Il y a des cas qui sont passés sous silence pour deux raisons : soit quand il touche de près des membres des services. Les Israéliens sont plus ou moins parvenus à recruter des membres de la DGSI eux-mêmes. Les autres affaires plus récentes, sont toujours révélées au public avec des mois de décalage. Et il y a des cas traités dans le secret le plus complet soit parce que l’affaire est en cours, soit parce qu’on ne tient pas à faire savoir que certains de nos compatriotes ont collaboré avec nos adversaires.

Nous aussi, on espionne à l'étranger...

[En France], nous avons des individus qui nous apportent des informations sur nos adversaires, sur des marchés où nous souhaitons aller pour nos entreprises. C’est tout à fait classique et légitime. Mais, aujourd'hui [dans le monde], une très grande partie de l’espionnage se fait maintenant par voie électronique, notamment par les cyberattaques qui permettent de récupérer énormément d’informations.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.