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Non, Kim Jong-un n'a pas jeté son oncle à des chiens affamés

Article rédigé par franceinfo
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Le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, présente ses vœux, le 1er janvier 2014 à Pyongyang (Corée du Nord). (AFP PHOTO/KCNA VIA KNS)

Cette rumeur, qui date du 12 décembre, a été relayée par de nombreux médias français vendredi. Elle est pourtant peu crédible.

La Corée du Nord et son dirigeant, Kim Jong-un, n'en finissent plus d'alimenter les fantasmes de l'Occident. Alors comment ne pas croire que celui qui a condamné à mort son ex-petite amie pour une sextape ait pu jeter son oncle, Jang Song-taek, vivant en pâture à des chiens affamés ? Malgré ce que vous avez pu lire sur nombre de sites sérieux, cette "information" est fausse.

Déjà, l'annonce de l'exécution, le 12 décembre, de l'éminence grise du régime de Pyongang, avait ému le monde entier. Personne ne doute de la cruauté de Kim Jong-un, ce dictateur insondable d'un pays dont on ne sait pas grand-chose. Mais de là à condamner à une mort aussi atroce, son propre oncle…

Francetv info revient sur cette folle histoire.

Que dit la rumeur ?

Le 24 décembre surgit sur le site anglophone Asiareport un article affirmant que le neveu de Jang Song-taek l'a jeté vivant à des chiens affamés. Les médias s'emballent – mais pas tout de suite : il faut attendre le 3 janvier pour que la presse occidentale en parle.

On raconte alors que Jang et cinq des ses proches conseillers ont été déshabillés et jetés dans une cage où se trouvaient 120 chiens que l'on n'avait pas nourris depuis trois jours. Cette exécution, apparemment baptisée "quan jue", aurait duré une heure et se serait déroulée devant Kim Jong-un ainsi que 300 hauts responsables.

Google News, Twitter et Facebook s'affolent. Pourtant, au bout de quelques heures, les titres "Kim Jong-un a lâché 120 chiens pour dévorer son oncle" s'habillent d'un conditionnel ou d'un point d'interrogation.

Pourquoi est-elle peu crédible ?

Asiareport, basé à Singapour, cite un rapport détaillé de l'exécution publié le jour-même, soit le 12 décembre, par le Wen Wei Po. Ce journal sinophone de Hong-Kong est pourtant peu crédible, note le Washington Post (en anglais).

Autre élément qui devrait mettre la puce à l'oreille : jusqu'au vendredi 3 janvier, personne n'avait repris cette "information". Ni les médias chinois, ni la Corée du Sud, qui hésite rarement à faire de la mauvaise publicité à son voisin. Les médias asiatiques continuent de dire que l'oncle du "cher leader" a été tué par une mitrailleuse ou un canon anti-aérien.

Mais il y a surtout ce message (en chinois) posté le 11 décembre par un blogueur taïwanais sur Weibo (le Twitter chinois) et que le Wen Wei Po présente comme la source de cette histoire sordide, relate Arrêt sur images. Cet internaute est un satiriste apparemment connu pour son humour irrévérencieux, note Gawker (en anglais). Et l'image d'arrière-plan sur le compte de ce "Pyongyang Cuicheng Hao" ne laisse aucune doute quant à son sentiment vis-à-vis de Kim Jong-un…

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