Entre espoir de réunification et sentiment de tromperie, les "Jeux de la paix" de Pyeongchang divisent les réfugiés nord-coréens
Les deux Corées réunies sous un même drapeau : l’image va faire le tour du monde vendredi lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pyeongchang. Ce dégel, sur fond de Jeux d’hiver, est plus ou moins bien perçu par les réfugiés nord-coréens que franceinfo a rencontrés à Seoul.
Ils sont environ 30 000 Nord-Coréens établis au sud du 38e parallèle. Kim Ryen-hi, 49 ans, en fait partie, malgré elle. En 2011, elle quitte Pyongyang, capitale de Corée du Nord, pour un court séjour en Chine. Influencée par un passeur, elle décide d'aller en Corée du Sud pour gagner de l'argent, elle en a besoin pour financer son traitement médical. Elle ne voulait rester que quelques mois au Sud. Mais les autorités l'obligent à signer un document qui officialise sa défection : c'est un aller sans retour.
Désormais son souhait le plus cher est de repartir en Corée du Nord pour retrouver sa famille. Et les Jeux olympiques sont pour elle l'espoir de voir se lever le rideau de fer. "Enfin, à Pyeongchang, les frères du Sud et du Nord pourront se rencontrer !", explique-t-elle. Kim Ryen-hi est allée cette semaine à Incheon pour assister à un match de préparation de l’équipe réunifiée de hockey sur glace. "Les hockeyeuses ont une vingtaine d'années, comme ma fille. C'est comme si elle avait été là. J'ai pleuré du début à la fin du match".
Je ne veux pas que nos descendants subissent la même chose que moi
Kim Ryen-hifranceinfo
"Il n'y a personne qui n'aime pas son pays natal, moi j'aime mon pays, assure-t-elle. Je veux revoir ma famille, je veux tellement les retrouver, mais c'est impossible à cause de cette division. Alors à l'occasion des Jeux de Pyeongchang, je souhaite que les familles séparées puissent se retrouver, et qu'enfin il y ait la réunification."
Madame Kim a été très émue quand a retenti la chanson Arirang juste avant le coup d'envoi du match de hockey. Arirang est un chant traditionnel que se partagent les deux Corées. Il fait partie de la culture populaire au Nord comme au Sud. Il devient donc l'hymne de cette équipe réunifiée et Kim Ryen-hi en est ravie. "J'avais les larmes aux yeux quand j'ai entendu la chanson, se souvient-elle. J'ai ressenti profondément qu'en fait nous ne sommes qu'un. Ça m'a rappelé que nous sommes le peuple d'Arirang : un seul peuple."
Kim Ryen-hi explique qu'elle voulait voir les joueuses de son pays natal. "Elles étaient dans cette équipe mais je n'ai pas réussi à les reconnaître, indique-t-elle. Elles se ressemblent beaucoup, donc j'ai compris qu'on était des frères et sœurs qui se ressemblent, à tel point qu'il est impossible de nous différencier. Je les ai encouragées en brandissant le drapeau de la Corée réunifiée."
Park Sang-hak, militant de 48 ans, enrage, lui, contre cette Corée du Nord qu'il connaît très bien puisqu’il y est né. Il y a grandi et en est parti en 1999. Il est devenu célèbre ces dernières années en organisant des lâcher de ballons au-delà de la frontière, garnis de propagande anti-Pyongyang. Récemment, le 24 janvier, il a déchiré un portrait de Kim Jong-un devant l'Assemblée nationale sud-coréenne pour protester contre ce qu’il appelle "les Jeux de Pyongyang".
"Hitler a aussi organisé les Jeux olympiques de Berlin, et ce n'était certainement pas les Jeux de la paix, s’emporte Park Sang-hak. Il a fait semblant de vouloir la paix et il s'est servi du sport. Kim Jong-un fait la même chose."
Kim Jong-un est le Hitler du XXIe siècle !
Par Sang-hakfranceinfo
Pour ce militant, ces Jeux ne sont "qu’une tromperie. Kim Jong-un est sanctionné économiquement et politiquement par l'ONU et la communauté internationale, assure-t-il. Son objectif est de faire tomber ces sanctions et d'empêcher l'alliance entre les États-Unis et la Corée du Sud en utilisant les JO. Il ne veut pas sincèrement y participer. D'ailleurs, il organise une parade militaire juste avant l'ouverture. Au départ, cette parade était programmée le 25 avril et tout d'un coup il change la date et la déplace au 8 février, la veille des JO ! Pyongyang menace la communauté internationale avec ses missiles et sa parade militaire. C'est une duperie !"
Park Sang-hak est bien décidé à jouer les trouble-fêtes à Pyeongchang. Il promet une manifestation devant le stade olympique pendant la cérémonie d'ouverture. Il va brandir le drapeau de la Corée du Sud et tenter de mettre en sourdine le chant du Arirang.
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