Corée: réprimé au Nord, le catholicisme prospère au Sud
Surnommée «l’Eglise du silence» par les catholiques sud-coréens, la KCA n’entretient aucune relation avec le Vatican. «Il n’y a pas un seul prêtre exerçant son ministère dans toute la Corée du Nord, pas même au sein de l’Eglise officielle», affirme Gerard Hammond, un prêtre américain résidant en Corée du Sud et actif dans des projets avec le Nord depuis 15 ans. La capitale Pyongyang possède une église catholique, «mais il ne s’y tient ni confession, ni baptême, ni sacrement», assure-t-il.
«Activités religieuses réprimées»
Selon un récent rapport de la Commission de l'ONU sur la situation des droits de l'Homme dans l'Etat communiste, les chrétiens pratiquant leur foi en dehors de l'association officielle s'exposent à des persécutions pour «crime politique». «Un semblant de tolérance religieuse est maintenu pour faire bonne figure à l'international alors que, à l'intérieur des frontières, les activités religieuses sont réprimées», indique le rapport.
Le catholicisme en Corée reste confidentiel au Nord mais a prospéré au Sud depuis la fin de la guerre (1950-1953). Les chrétiens, toutes catégories confondues, y sont plus nombreux que les bouddhistes. Les catholiques (10,7% de la population) y forment une Eglise vivante, influente, mais accusée d'embourgeoisement. Au premier jour de sa visite, le 14 août 2014, le pape François a d'ailleurs demandé aux 35 évêques asiatiques d'une Eglise accusée parfois d'être du côté des riches et du pouvoir, de rester fidèles à l'idéal d'une «Eglise pauvre pour les pauvres», plutôt que d'«adopter des modèles effectifs de management, de planification et d'organisation du monde du business».
Encourager l'évangélisation de l'Asie
Premier pape à poser le pied en Asie depuis la visite de Jean-Paul II en Inde en 1999, François a pour mission, en Corée du Sud, d'encourager l'évangélisation du continent asiatique (où les catholiques représentent 3,2 % mais croissent régulièrement) et plaider pour la réconciliation de la péninsule coréenne divisée depuis la guerre de 1950-1953. Depuis, a rappelé la présidente Park Geun-hye en recevant Jorge Bergoglio à la Maison Bleue, sa résidence officielle,«plus de 70.000 familles restent divisées».
Le souverain pontife devait également procéder à la béatification de 124 martyrs des débuts du christianisme coréen en 1784. La cérémonie de béatification de ces chrétiens persécutés, dont celle de Paul Yun Ji-chung,devait se dérouler le 16 août 2014, à la porte de Gwanghwamun à Séoul. Au cours de sa visite en Corée du Sud en 1984, Jean-Paul II avait canonisé 103 martyrs pour marquer le bicentenaire de la présence catholique dans le pays.
Messe de réconciliation
Pyongyang a refusé que des catholiques nord-coréens assistent à la messe de «réconciliation» que doit célébrer le pape argentin, le 18 août, au terme de sa visite de cinq jours au «pays du matin calme». Au moment de l'arrivée du souverain pontife à l'aéroport Incheon de Séoul, le régime nord coréen tirait trois missiles de courte portée en mer, puis deux autres dans l'après-midi. La Corée du Nord se livre régulièrement ce genre de démonstration lorsque la Corée du Sud accueille un événement de portée internationale qui lui déplaît.
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