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COP21 : la nuit d'avant... la clôture officielle de la conférence climat
L'accord très attendu de Paris ne sera pas disponible à la date prévue, à savoir le 11 décembre 2015, date officielle de la fin de la COP21. Mais à quelques heures de la clôture des négociations, l'espoir de respecter les délais était encore permis. Retour sur la nuit d'avant.
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De notre envoyée spéciale au Bourget
Dès le jeudi 10 décembre 2015, plusieurs négociateurs évoquaient déjà une livraison de l'accord de Paris pour le samedi 12, au lendemain de la clôture officielle de la COP21. L'issue de la nuit du 10 au 11 devait confirmer cette hypothèse. Plus tôt, la présidence française espérait pouvoir encore respecter le calendrier qu'elle s'était fixée au début d'une soirée très particulière. Il est 21h, la session plénière de la COP21 démarre mais son format est différent : elle servira à distribuer la dernière version de l'accord. Les négociateurs ont un peu moins de 3h pour en prendre connaissance avant la reprise des pourparlers à minuit. Annonce faite, document pris, les membres des délégations se pressent pour sortir de la salle afin de le parcourir. Partout sur le site de la COP21 au Bourget, des petits groupes se forment et on commente à chaud le texte. On mange son sandwich d’une main, on lit de l’autre. Dans les stands des délégations, on est tout aussi concentré. Ainsi, une réunion se tient dans la grande salle du stand du Conseil de coopération des Etats du Golfe qui jouxte celui de la France.
Revue de détail
Dans une autre zone du site, le stand du Bénin. Dans l'une des pièces, l'ambassadeur Fernande Houngbedji, membre de la délégation béninoise, lit attentivement le texte avant de se rendre à la réunion du groupe Afrique prévue à 23h. Que pense la diplomate de cette nouvelle proposition? Les intérêts des Africains ont-ils été préservés? «Nous avons reçu le document il n'y a pas longtemps. J'ai jeté un coup d'œil rapide pour voir les élements essentiels qui nous concernaient afin de voir si les points de désaccord avaient été réduits.» «Un accord n’est jamais satisfaisant à 100%», poursuit la directrice des organisations internationales au ministère béninois des Affaires étrangères. «Pour le groupe Afrique, c’est un accord mitigé. Comme les ministres sont là, ils vont décider si cet accord a minima sur un certain nombres de points, peut être considéré comme un point de départ.»
A l'instar des ONG, qui le feront savoir plus tard par communiqué, elle fait un constat qui a son importance. «Il y a un recul pour les PMA (Pays les moins avancés) par rapport au texte précédent. L’Afrique est la seule région qui a été spécifiquement indiquée, et c’est par rapport aux énergies renouvelables. Mais je suis sûre que les PMA et les petits Etats insulaires vont pouvoir rétablir l’équilibre. En ce qui concerne le Bénin, qu’il s’agisse des PMA ou de l’Afrique, nous nous retrouvons et ce sera à nous d’être proactifs, de nous mettre en position de bénéficier des opportunités qui s’offrent à nous.» Le temps de Fernande Houngbedji est compté : la rencontre ministérielle va bientôt commencer.
Nouvelle nuit blanche
Dans cette ruche qu'est devenue le site de la COP21, Seyni Nafo, le porte-parole du groupe Afrique, est également en pleine discussion. Son avis sur le texte. «Il est bon», répond-il. Mais comme la veille, il sait déjà que les négociations vont l’amener jusqu'à l’aube. Les pays africains ont-ils obtenu tout ce qu'ils souhaitaient? «Ce sont des négociations, on ne peut pas tout avoir», répond Seyni Nafo, philosophe mais surtout diplomate.
Plus loin, Aurélie Ceinos, responsable du changement climatique chez Care France discute aussi mais tout en marchant avec ses collègues. Alors cet accord ? «Nous sommes plutôt contents que ça ait avancé. Il y a des compromis qui ont été trouvés. Sur les finances, le texte est assez fort sur les 100 milliards qui sont un plancher (…). Par contre, sur les pertes et dommages que l’on suit particulièrement, nous sommes très inquiets parce qu’il y a deux options sur la table. L’une reconnaît les pertes et dommages, mais ne va pas beaucoup plus loin. L’autre contient de bons éléments mais exclut toute compensation. Le débat est rouvert et c’est assez tendu parce que c’est un élement très important pour les petites îles et les pays très vulnérables. En outre, les droits humains, dont on a beaucoup parlé, sont sortis de la l’article 2. Cela nous inquiète parce qu’on veut s’assurer que toutes les actions qui seront mises en place respectent ces droits humains, l’égalité des genres, assurent la sécurité alimentaire. Dernier point: c’est la revue des contributions nationales (INDCs). Nous voulions absolument qu’elle ait lieu avant 2020. Mais pour l’instant, ce n’est pas très clair. Il y a une revue, qui se ferait, mais plutôt pour savoir sur quelle trajectoire nous sommes. Mais nous savons déjà que nous sommes sur la mauvaise trajectoire. Nous souhaitons une révision des contributions pour que les pays s’engagent à faire plus», explique l'activiste. Et l'Afrique dans tout ça? «Les Africains peuvent se réjouir de l’aspect financier, mais sur les pertes et dommages, rien n’est joué.»
Comme beacoup d'observateurs de la société civile, elle attend la reprise des négociations pour savoir si elles seront transmises. Après, elle saura si elle se dirige vers une nouvelle nuit blanche. Minuit approche, tout le monde converge vers le même endroit, la zone du site où se trouvent les salles qui abriteront les discussions. Parmi ceux qui prendront la parole durant la première heure, l'Union européenne, l'Inde, l'Afrique du Sud, les Etats-Unis, le Venezuela, l'Egypte au nom du groupe Afrique, la Colombie... Il est déjà beaucoup question de différenciation (entre les pays développés et les pays en développpement), une thématique chère aux pays émergents et qui cristallise les tensions. La nuit sera longue. Et ce fut le cas.
Dès le jeudi 10 décembre 2015, plusieurs négociateurs évoquaient déjà une livraison de l'accord de Paris pour le samedi 12, au lendemain de la clôture officielle de la COP21. L'issue de la nuit du 10 au 11 devait confirmer cette hypothèse. Plus tôt, la présidence française espérait pouvoir encore respecter le calendrier qu'elle s'était fixée au début d'une soirée très particulière. Il est 21h, la session plénière de la COP21 démarre mais son format est différent : elle servira à distribuer la dernière version de l'accord. Les négociateurs ont un peu moins de 3h pour en prendre connaissance avant la reprise des pourparlers à minuit. Annonce faite, document pris, les membres des délégations se pressent pour sortir de la salle afin de le parcourir. Partout sur le site de la COP21 au Bourget, des petits groupes se forment et on commente à chaud le texte. On mange son sandwich d’une main, on lit de l’autre. Dans les stands des délégations, on est tout aussi concentré. Ainsi, une réunion se tient dans la grande salle du stand du Conseil de coopération des Etats du Golfe qui jouxte celui de la France.
Revue de détail
Dans une autre zone du site, le stand du Bénin. Dans l'une des pièces, l'ambassadeur Fernande Houngbedji, membre de la délégation béninoise, lit attentivement le texte avant de se rendre à la réunion du groupe Afrique prévue à 23h. Que pense la diplomate de cette nouvelle proposition? Les intérêts des Africains ont-ils été préservés? «Nous avons reçu le document il n'y a pas longtemps. J'ai jeté un coup d'œil rapide pour voir les élements essentiels qui nous concernaient afin de voir si les points de désaccord avaient été réduits.» «Un accord n’est jamais satisfaisant à 100%», poursuit la directrice des organisations internationales au ministère béninois des Affaires étrangères. «Pour le groupe Afrique, c’est un accord mitigé. Comme les ministres sont là, ils vont décider si cet accord a minima sur un certain nombres de points, peut être considéré comme un point de départ.»
A l'instar des ONG, qui le feront savoir plus tard par communiqué, elle fait un constat qui a son importance. «Il y a un recul pour les PMA (Pays les moins avancés) par rapport au texte précédent. L’Afrique est la seule région qui a été spécifiquement indiquée, et c’est par rapport aux énergies renouvelables. Mais je suis sûre que les PMA et les petits Etats insulaires vont pouvoir rétablir l’équilibre. En ce qui concerne le Bénin, qu’il s’agisse des PMA ou de l’Afrique, nous nous retrouvons et ce sera à nous d’être proactifs, de nous mettre en position de bénéficier des opportunités qui s’offrent à nous.» Le temps de Fernande Houngbedji est compté : la rencontre ministérielle va bientôt commencer.
Nouvelle nuit blanche
Dans cette ruche qu'est devenue le site de la COP21, Seyni Nafo, le porte-parole du groupe Afrique, est également en pleine discussion. Son avis sur le texte. «Il est bon», répond-il. Mais comme la veille, il sait déjà que les négociations vont l’amener jusqu'à l’aube. Les pays africains ont-ils obtenu tout ce qu'ils souhaitaient? «Ce sont des négociations, on ne peut pas tout avoir», répond Seyni Nafo, philosophe mais surtout diplomate.
Plus loin, Aurélie Ceinos, responsable du changement climatique chez Care France discute aussi mais tout en marchant avec ses collègues. Alors cet accord ? «Nous sommes plutôt contents que ça ait avancé. Il y a des compromis qui ont été trouvés. Sur les finances, le texte est assez fort sur les 100 milliards qui sont un plancher (…). Par contre, sur les pertes et dommages que l’on suit particulièrement, nous sommes très inquiets parce qu’il y a deux options sur la table. L’une reconnaît les pertes et dommages, mais ne va pas beaucoup plus loin. L’autre contient de bons éléments mais exclut toute compensation. Le débat est rouvert et c’est assez tendu parce que c’est un élement très important pour les petites îles et les pays très vulnérables. En outre, les droits humains, dont on a beaucoup parlé, sont sortis de la l’article 2. Cela nous inquiète parce qu’on veut s’assurer que toutes les actions qui seront mises en place respectent ces droits humains, l’égalité des genres, assurent la sécurité alimentaire. Dernier point: c’est la revue des contributions nationales (INDCs). Nous voulions absolument qu’elle ait lieu avant 2020. Mais pour l’instant, ce n’est pas très clair. Il y a une revue, qui se ferait, mais plutôt pour savoir sur quelle trajectoire nous sommes. Mais nous savons déjà que nous sommes sur la mauvaise trajectoire. Nous souhaitons une révision des contributions pour que les pays s’engagent à faire plus», explique l'activiste. Et l'Afrique dans tout ça? «Les Africains peuvent se réjouir de l’aspect financier, mais sur les pertes et dommages, rien n’est joué.»
Comme beacoup d'observateurs de la société civile, elle attend la reprise des négociations pour savoir si elles seront transmises. Après, elle saura si elle se dirige vers une nouvelle nuit blanche. Minuit approche, tout le monde converge vers le même endroit, la zone du site où se trouvent les salles qui abriteront les discussions. Parmi ceux qui prendront la parole durant la première heure, l'Union européenne, l'Inde, l'Afrique du Sud, les Etats-Unis, le Venezuela, l'Egypte au nom du groupe Afrique, la Colombie... Il est déjà beaucoup question de différenciation (entre les pays développés et les pays en développpement), une thématique chère aux pays émergents et qui cristallise les tensions. La nuit sera longue. Et ce fut le cas.
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