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Vidéo "Ici, si je me tais, vous n'entendrez rien" : ces images rares et impressionnantes du Haut-Karabakh vidé de ses habitants

L'envoi d'une mission humanitaire de l'ONU dans le Haut-Karabakh a permis de montrer des images de l'enclave, vidée de ses habitants arméniens, après l'offensive éclair de l'Azerbaïdjan.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les images de la ville de Stepanakert, vidée de ses habitants, après l'offensive de l'Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Une ville fantôme : sur les images tournées par la chaîne Al-Jazeera, seul média à avoir pénétré dans la ville de Stepanakert aujourd'hui déserte, on voit le centre-ville totalement vidé de ses habitants. Pas une seule âme sur la place centrale, quelques voitures aux portes ouvertes qui semblent attendre leurs propriétaires. Sur le sol, des affaires s'étalent : des chaises, des papiers, des poussettes. 

L'envoyé spécial de la chaîne le dit d'ailleurs : "Ici, si je me tais, vous n'entendrez rien. Il ne reste personne, à part quelques personnes âgées ou handicapées qui n'ont pas pu partir." Seuls quelques chiens gambadent entre toutes les affaires laissées là par la population qui a fui les lieux.

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Des images saisissantes qui prouvent que les habitants ont fui extrêmement rapidement, en laissant absolument tout derrière eux, y compris ces nombreuses poussettes abandonnées sur cette place, les paquets de couches, les jouets... Il y a quelques jours encore, on pouvait voir au même endroit des milliers de personnes se rassembler. La ville de Stepanakert, dans l'entrée du fameux corridor de Lachine qui mène en Arménie, comptait 51 000 habitants : aujourd'hui, seuls des fonctionnaires, des urgentistes et des personnes ayant des besoins spéciaux ont décidé de rester sur place.

L'Azerbaïdjan réfute toute accusation de "nettoyage ethnique"

Ces images impressionnantes sont la conséquence directe de la spectaculaire dissolution de la république séparatiste autoproclamée qui gérait la région. L'ONU a annoncé l'envoi ce week-end d'une mission pour évaluer principalement les besoins humanitaires, alors que l'organisation n'avait pas eu accès à cette région "depuis environ 30 ans". 100 000 réfugiés - sur les 120 000 habitants arméniens - ont fui l'enclave du Haut-Karabakh, par peur des autorités azerbaïdjanaises.

Dans la principale ville du Haut-Karabakh, Stepanakert, quelques personnes sont encore là, provisoirement : des centaines de fonctionnaires, des urgentistes à l'hôpital, les personnes qui ont des besoins spéciaux. Mais aussi le dirigeant de la région : ce dernier a précisé rester jusqu'à la fin des opérations de secours pour les victimes. .

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L'enclave est désormais sous contrôle des forces azerbaidjanaises. Un service "des migrations" a été mis en place pour enregistrer les habitants restants et assurer "leur réinsertion durable a la société azerbaïdjanaise". Mais la fuite, massive, était presqu'inévitable : les habitants arméniens vivaient la peur au ventre depuis plusieurs semaines, malgré les promesses de l'Azerbaïdjan, qui réfute toute accusation de "nettoyage ethnique" dans la région et assure aux habitants de l'enclave qu'ils sont libres de partir ou de rester. Mais tout le week-end, Bakou a procédé à une série d'arrestations illégales dans l'enclave, ce qui renforce les peurs des réfugiés.

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