Cet article date de plus de treize ans.

Comment se sont déroulées en coulisses les dernières heures d'Hosni Moubarak à la tête de l'Egypte ?

Les détails commençaient à filtrer lundi dans la presse egyptienne.Ils faisaient état en particulier d'un bras de fer entre les deux fils du raïs, Alaa, l'aîné, et Gamal, 47 ans, qui était pressenti comme son successeur. Une violente altercation aurait éclaté entre les frères après le discours de Moubarak jeudi 10 février.
Article rédigé par France2.fr avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Gamal Moubarak, le fils cadet pressenti un temps comme son successeur, et Hosni Moubarak. (AFP - Pierre Verdy/Cris Bouroncle)

Les détails commençaient à filtrer lundi dans la presse egyptienne.

Ils faisaient état en particulier d'un bras de fer entre les deux fils du raïs, Alaa, l'aîné, et Gamal, 47 ans, qui était pressenti comme son successeur. Une violente altercation aurait éclaté entre les frères après le discours de Moubarak jeudi 10 février.

Le 10 février, veille de la démission historique, "la confusion, voire l'impuissance, étaient grandes au palais présidentiel", écrit Al-Ahram, ancien poids lourd de la presse pro-Moubarak.

Le fils cadet, Gamal, était à la manoeuvre
Selon les différents quotidiens, c'est Gamal, décrit comme un ambitieux entouré d'hommes d'affaires, qui était à la manoeuvre derrière les discours de Moubarak durant toute la crise.

"Gamal Moubarak a géré la crise (...) avec l'oeil sur le pouvoir. Il n'a compris que très tardivement qu'il était hors-jeu... c'est pour cela que les discours ne correspondaient pas à ce que les gens voulaient entendre. Cela a avivé leur colère", écrit Al-Ahram.

Jeudi, avant la dernière apparition de M. Moubarak à la télévision, "Gamal a convaincu son père d'une dernière tentative, celle d'annoncer des réformes et de déléguer les pouvoirs à Omar Souleimane", dont la désignation comme vice-président n'avait pas convaincu la foule.

"D'autres ont suggéré un ton plus conciliant et sentimental, mais Gamal n'était pas de cet avis. Le discours a alors enflammé la foule... la tentative a échoué... le président est tombé". La stratégie du fils cadet Gemal n'aurait pas fait l'unanimité, même au sein de sa propre famille.

Une dispute homérique au palais
Selon Al Akhbar (officiel), les deux fils du président en sont presque venus aux mains après l'enregistrement du discours du 10 février, objet d'un "montage" afin d'introduire des propos plus fermes envers les manifestants.

"Tu as pourri le pays quand tu as ouvert la voie à tes copains (des milieux d'affaires) et voici le résultat. Au lieu que ton père soit honoré à la fin de sa vie, tu as oeuvré pour salir son image", s'est écrié Alaa à l'adresse de son frère, rapporte le quotidien, selon lequel tout le palais présidentiel a entendu la dispute.

Le discours du jeudi 10 remanié au dernier moment
Toujours selon le quotidien officiel Al Akhbar, ce discours, dans lequel M. Moubarak devait annoncer qu'il déléguait ses pouvoirs civils à Omar Souleimane et militaires à l'armée, a été remanié au dernier moment, à la grande surprise des Etats-Unis et des chancelleries occidentales qui s'attendaient à un autre ton.

D'après le journal Al Youm Al Sabee (privé), la Première Dame, Suzanne Moubarak, s'est évanouie à deux reprises en raison de cette altercation.

Moubarak induit en erreur sur l'ampleur du soulèvement
Mais c'est initialement le très détesté ministre de l'Intérieur qui semble avoir induit le raïs en erreur dès le début du soulèvement. "Le rapport qu'a fait parvenir Habib el-Adli au président Moubarak avant le mardi 25 janvier minimisait l'importance de la manifestation" qui sonné le début de la révolte populaire, selon Al-Ahram.

Par la suite, il a justifié auprès de M. Moubarak le "succès surprenant" de la manifestation en lui faisant croire que les Frères musulmans, bête noire du régime, "avaient mobilisé leurs jeunes conformément à des instructions de l'étranger".

Mais le ministre était convaincu "qu'il s'agissait d'une +poignée de familles+, que l'événement pouvait être +contenu+ et que +tout était sous contrôle+". Dix-huit jours plus tard, le président démissionnait sous la pression de la rue.

Lire aussi:

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.