: Reportage "Il faut toujours essayer de limiter les fermetures d’écoles" : la baisse de la natalité pousse la Chine à réfléchir à son système éducatif
Les salles de classe chinoises vont peu à peu se vider au cours de la prochaine décennie : 30 millions d’élèves en moins sont annoncés dans le primaire et le secondaire, selon une étude de l’école Normale de Pékin. La Chine fait face à une baisse inexorable des naissances et ce vieillissement de la population est en train de bouleverser l’ensemble de la société chinoise. La question de la natalité est au cœur des débats de la session annuelle du parlement chinois, qui s'est ouverte mardi 5 mars et doit durer toute la semaine.
À cause de la baisse de la natalité, la profession d’enseignant va être durement touchée, puisqu'1,5 million de postes devraient disparaître d’ici 2035. Les plus inquiets, ce sont les étudiants qui se destinent à ce métier. "Nous allons devoir améliorer notre qualité et être plus compétitif pour éviter de perdre notre travail, ça me préoccupe", témoigne cette Pékinoise qui est encore à l’université. Elle s’attend à une diminution des recrutements. "Les enseignants vont devoir se préparer à cette situation. J’espère que l’État prendra des mesures et aidera, par exemple, à trouver d'autres carrières. En tout cas, les étudiants comme moi doivent commencer à penser à d’autres voies professionnelles."
En profiter pour réduire le nombre d'élèves par classe
La Chine a déjà commencé à fermer des dizaines de milliers d’écoles. Les plus touchées se trouvent dans les campagnes chinoises, où les effectifs étaient déjà peu élevés. "La politique varie d'un endroit à l'autre. Certaines municipalités proposent la fermeture immédiate des écoles, dès que l’on passe sous la barre des 50 élèves. D’autres décident de fermer progressivement sur trois ans dès que l’effectif passe sous les 200 élèves, explique Guo TingTing, qui travaille dans un institut de recherche spécialisé sur l’éducation à Pékin. Notre Institut estime qu’il faut toujours essayer de limiter les fermetures et les fusions d’écoles, en particulier dans les villages ruraux. On encourage cela, pour avoir un enseignement de meilleure qualité. Mais c'est difficile car cela demande beaucoup de ressources financières et humaines et un changement des mentalités traditionnelles."
Plusieurs députés chinois proposent, eux, de conserver tous les postes d'enseignants et de profiter de la baisse de la natalité pour réduire le nombre réglementaire d’élèves dans les classes, particulièrement élevé en Chine : 45 élèves en moyenne par classe. "Dans ces grandes classes, il est difficile pour un ou deux enseignants de s'occuper de tous les enfants, commente une maman de Pékin, d’accord avec la proposition parlementaire. Certains élèves sont repliés sur eux-mêmes ou ont des problèmes psychologiques mais le professeur n’a pas la capacité de le détecter. Si la classe est de plus petite taille, l'enseignant pourra s'occuper plus attentivement des élèves."
"Il y a trop d'élèves dans notre classe. Nous sommes au lycée, nous avons donc beaucoup de pression avec les études. J'aimerais que les enseignants nous accordent plus d'attention. On préférerait évidemment être dans des petites classes", abonde une lycéenne. "Dans un cours de 40 minutes, l'enseignant a face à lui 45 élèves et parmi eux, beaucoup n'ont pas la possibilité de répondre aux questions et n’apprennent pas de façon efficace", ajoute l'un de ses camarades. Dans les provinces les plus peuplées, certaines classes peuvent compter jusqu’à 80 élèves.
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