Hong Kong dégringole dans le classement de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières
La région administrative spéciale a perdu 68 places en un an dans le classement de l'ONG, qui pointe du doigt la loi de sécurité nationale imposée par la Chine. Le texte a été utilisé pour menacer des journalistes et des médias critiques du pouvoir.
"C'est la plus grosse chute de l'année, mais elle est pleinement méritée", affirme un responsable de Reporters sans frontières (RSF) à l'AFP. Hong Kong a perdu 68 places en un an dans le classement international de la liberté de la presse publié par l'ONG, mardi 3 mai, à cause des mesures draconiennes imposées par la Chine pour réduire au silence les médias critiques des autorités.
La région administrative spéciale (RAS) se retrouve aujourd'hui au 148e rang, entre la Turquie et les Philippines. A l'époque du premier classement publié par RSF en 2002, l'ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, était pourtant considérée comme une oasis de liberté d'expression, à la 18e place. Mais la situation s'est progressivement dégradée, en particulier à partir de 2020 et la mise en œuvre de la "loi de sécurité nationale" imposée par Pékin, classé au 175e rang sur 180 pour la liberté de la presse.
Trois grands médias d'opposition fermés depuis 2021
Cette loi, qui avait suscité d'importantes manifestations pro-démocratie, a été utilisée par les autorités honkongaises pour réduire au silence les médias locaux et emprisonner des journalistes, d'après Cédric Alviani, responsable du bureau Asie de l'Est de RSF. L'année dernière, Apple Daily et Stand News, deux médias d'opposition, ont dû fermer après l'arrestation des chefs de la rédaction et le gel des actifs de la société, et un troisième site d'information a mis la clé sous la porte en janvier. RSF répertorie actuellement 13 professionnels des médias de Hong Kong emprisonnés.
La presse internationale est aussi inquiète : le club de la presse étrangère de Hong Kong a annulé sa remise des prix des droits de l'homme, le 26 avril. Mais de nombreux médias internationaux ont encore leur siège asiatique dans la ville. "Aucun média ne peut se passer de correspondants à Hong Kong. Mais les médias ont-ils besoin d'avoir leur siège régional à Hong Kong ?", s'est interrogé Cédric Alviani. "Est-il sûr de laisser ses archives informatiques, de laisser son serveur, de laisser son équipe de direction à Hong Kong ? Dans la situation actuelle, peut-être pas."
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