Début de reconnaissance pour les «mingongs», citoyens chinois de seconde zone
C’est en 1958 qu’a été instauré le sytème du hukou (certificat d’état civil et autorisation de résidence) dans l’ex-Empire du milieu. Un système que certains comparent à l’apartheid en Afrique du Sud, qui avait fait des Noirs une population de seconde catégorie par rapport à la population blanche.
Shanghai compte quelque 34 millions d'habitants, mais seulement 24 d’entre eux sont considérés comme des résidents. Les 10 autres millions sont des Chinois des campagnes venus chercher un gagne-pain à la ville.
Mais la vente de leur force de travail ne leur confère nulle entrée dans le monde civilisé des citadins et des «vrais» citoyens. Ils n’ont pas droit aux services sociaux, ne peuvent bénéficier de l’école publique gratuite pour leurs enfants, alors qu’ils appartiennent aux catégories les plus pauvres de la mégapole chinoise. Et cette distinction les poursuit jusqu’à leur mort car un mariage avec un Shanghaïen de souche ne change rien à leur sort.
La discrimination est liée au sentiment de supériorité qui anime les citadins. Pékin a mis en place ce dispositif, qui copiait le modèle stalinien, dont le but était d’exploiter les campagnes pour servir de ressources à l’industrialisation des villes.
Un changement homéopathique
La nouvelle mouture du hukou, concoctée par les autorités de la ville, prévoit un permis à points. Mais les obstacles pour l'obtenir sont tels que peu d'entre les 10 millions d'habitants concernés peuvent prétendre y arriver. Pour postuler, il faudra avoir séjourné sept ans dans la cité, présenter un casier judiciaire vierge, et n’avoir qu’un seul enfant.
Ceux qui peuvent accéder à une pleine citoyenneté doivent arriver à un total de 120 points. Un score difficile à atteindre. Ceux qui ont un parcours scolaire très brillant n’obtiennent que 110 points. Un sociologue de l’université de Shanghai, Gu Jun, estime dans Libération, qu’un travailleur migrant normal ne peut logiquement pas «escompter plus de 30 points».
Au moins 120 millions de mingongs
Aux yeux des citadins, les mingongs restent des étrangers méprisables. Alors qu’ils traînent avec eux leurs gros sacs, portent vestes élimées et chaussures en tissu, ils sont ignorés par les cadres en cols blancs qu’ils croisent dans les rues.
Cette population, qui compterait quelque 120 millions de personnes, selon l’ONG Human Rights in China, fait partie intégrante de la stratégie des autorités du pays pour construire la modernisation du pays à l’horizon 2025. En clair, ils constituent un réservoir de main d'œuvre mobile et sous-payé, taillable et corvéable à merci.
Dans ce contexte, les mingongs ne risquent guère de voir une embellie rapide de leur sort à Shanghai. Ils pourraient avoir plus de facilité dans des villes plus petites et plus éloignées où les critères d’intégration sont moins drastiques.
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