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Comité Nobel de la paix : pourquoi Thorbjørn Jagland n'a pas été réélu président

Thorbjørn Jagland n'est plus à la tête du comité Nobel de la paix alors qu'il voulait y rester. Cette situation inédite depuis la création du prix, il y a plus de 100 ans, serait le résultat d'une tentative diplomatique pour apaiser la Chine dont les relations avec la Norvège sont tendues depuis 2010. Pékin n'avait pas apprécié que le Nobel de la paix soit décerné au dissident Liu Xiaobo.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Thorbjørn Jagland, secrétaire général du Conseil de l'Europe, écoutant le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, à Moscou (4 septembre 2014). (REUTERS/Maxim Zmeyev)

Cela n’était jamais arrivé depuis l’instauration du prix en 1901. Thorbjørn Jagland, le président du comité Nobel de la paix, qui souhaitait un renouvellement de son mandat, n’a pas été exaucé le 3 mars 2015 par ses pairs. L’instance norvégienne, composée de cinq membres nommés par le Parlement, a choisi celle qui était jusqu’ici vice-présidente, Kaci Kullmann Five. Cette attitude inédite serait due au changement de majorité à l'Assemblée, désormais à droite. C’est donc une ex-ministre, membre du Parti conservateur (Høyre), qui succède à Thorbjørn Jagland, ancien Premier ministre social-démocrate et actuel secrétaire général du Conseil de l’Europe, rétrogradé au rang de simple membre du comité.

Cependant, le journal norvégien Aftenposten cité par Courrier International propose une lecture plutôt diplomatique de la situation et parle même de «sacrifice». La Norvège aurait tenté de faire amende honorable pour réchauffer ses relations avec la Chine. Pékin n’a pas apprécié que le prix Nobel de la paix soit attribué à l’opposant Liu Xiaobo en 2010, alors que Thorbjørn Jagland en assurait la présidence depuis 2009. En guise de représailles, la Chine a notamment interdit l’importation du saumon norvégien en prétextant des raisons sanitaires. 

Des excuses ou rien ? 
Cependant, toujours selon Courrier International, ce serait un coup pour rien car la Chine semble inflexible. «Notre position sur le développement de nos relations avec la Norvège est clair, et je crois que les Norvégiens savent très bien à quoi s'en tenir», a indiqué le 4 mars Hua Chunying, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, rapporte l’AFP. Pékin n'attend, semble-t-il, rien d'autre que des excuses officielles du gouvernement norvégien qui, en principe, n’interfère pas dans l’octroi du prix. Des excuses que les Chinois avaient failli obtenir en 2013 si le Premier ministre Jens Stoltenberg ne s'était pas ravisé, selon les médias norvégiens.

Pendant ses six ans de mandat, Thorbjørn Jagland se sera attiré l’ire des Chinois et suscité la controverse en décernant le Nobel de la paix à Barack Obama (2009) ou à l’Union européenne (2012). Néanmoins, estime Kaci Kullmann Five, «il y a un large consensus au sein du comité pour dire (qu'il a été) un bon président». Bel hommage ! 

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