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Chine: muselé par Pékin, l'avocat dissident Pu Zhiqiang est interdit d'exercer

Les autorités judiciaires de Pékin ont radié du barreau l'influent avocat dissident Pu Zhiqiang. Condamné en 2015 à trois ans de prison avec sursis, ce militant défenseur des droits de l'Homme avait notamment défendu Ai Weiwei et participé, alors qu'il était encore étudiant, aux manifestations place Tiananmen en 1989.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Pu Zhiqiang, avocat chinois des droits de l'Homme, a assuré la défense de nombreux dissidents dont l'artiste Ai Weiwei. (ED JONES / AFP)

La radiation de Pu Zhiqiang, 50 ans, est le dernier exemple en date de la répression croissante visant la société civile (juristes, militants, universitaires, religieux), sous la présidence de Xi Jinping. Elle a été prononcée le 13 avril 2016 par les autorités judiciaires chinoises et confirmée dans la foulée par l’intéressé sur l'application chinoise WeChat. «J'étais avocat durant 19 ans, mais depuis aujourd'hui c'est terminé», a-t-il écrit sur le réseau social.

Connu en Chine pour avoir assuré la défense de nombreux dissidents dont l'artiste Ai Weiwei, l’ex-avocat, militant des droits de l'Homme, a ajouté: «Je crois en l'avenir et je suis persuadé qu'il y aura des changements.» 

Il avait été arrêté en mai 2014 pour avoir participé, avec d'autres intellectuels, à une réunion privée commémorant le 25e anniversaire du mouvement de Tiananmen auquel il avait participé activement.  


M. Pu est resté un an et demi en détention provisoire avant d'être finalement poursuivi et jugé en 2015 pour avoir posté, sur le réseau social Weibo entre 2011 et 2014, sept messages critiquant le Parti communiste chinois. «A part l'opacité, la tricherie, le talent pour fuir ses responsabilités et repousser sans cesse (les décisions), à part le marteau et la faucille, quels sont donc les secrets de gouvernance de ce parti ?», avait-il notamment écrit. L'avocat s'était également ému de la «répression excessivement violente» menée à l'encontre des musulmans ouïghours du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine, la qualifiant d'«absude», et aussi de la situation au Tibet.

L'agence officielle Chine nouvelle avait qualifié le verdict de «peine légère», mais pour l'Union européenne, il constituait «un précédent dangereux en ce qui concerne la liberté d'expression en ligne ou non». Les ONG de défense des droit de l'Homme avaient dénoncé, y compris sur les réseaux sociaux, la peine infligée à M.Pu qualifiée d'«immense injustice» par Amnesty International.
 

Le désormais ex-avocat est actuellement soumis à un contrôle policier et à une demande d'autorisation pour sortir de Pékin, selon ses avocats. En cas d'infraction, il risque de repasser par la case prison.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping, fin 2012, la répression contre la liberté d'expression et les droits de l'homme s'est durcie dans l'Empire du Milieu. En juillet 2015, plus de 200 avocats ou militants des droits de l'Homme avaient été interrogés et interpellés dont certains placés en détention.

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