Cet article date de plus de huit ans.
Chine : les escroqueries aux placements en ligne se multiplient
Les scandales se multiplient en Chine dans le secteur des placements financiers. Des sociétés de courtage agissent sans aucun contrôle. Les escroqueries se succèdent et les arrestations de dirigeants se multiplient, mettant à mal l’économie dématérialisée que souhaitent les dirigeants chinois.
Publié
Temps de lecture : 4min
C’est le dernier des scandales financiers en Chine. Yang Weiguo, président du conglomérat Wangzhou group, a fui le pays. Recherché par la police, il est soupçonné de détournement de fonds et serait parti avec un milliard de yuans (137 millions d’euros). Depuis mi-avril, une filiale du groupe qu'il dirige, spécialisée dans la gestion de patrimoine, connaît des difficultés de trésorerie.
Mais Yang Weiguo s’est depuis justifié sur une vidéo postée sur internet. Niant être un escroc, il annonce son prochain retour au pays. Son groupe est présent dans une cinquantaine de villes de Chine dont Shanghaï. Wangzhou est présent dans la finance, l’hôtellerie, la logistique, mais aussi la presse.
Le milieu financier chinois va mal. Dans le contexte de ralentissement économique que traverse le pays, certaines sociétés d’investissement se trouvent dans l’incapacité d’honorer leurs contrats et de verser les rémunérations annoncées sur les placements. Ainsi, JInlu Financial Advisors à Shanghaï, a eu beaucoup de mal à verser les intérêts à ses investisseurs. En réaction, certains ont fait le siège de l’entreprise afin d’obtenir leur dû.
Il y a le contexte économique difficile et il y a également les escroqueries!
En avril, la police a interpellé plus de 20 dirigeants de sociétés du groupe Zhongjin. Le PDG qui tentait de prendre un avion pour quitter le pays a été arrêté à l’aéroport.
Le scandale Ezubao
Et il y a eu l’effondrement de l’empire Ezubao. Une vaste escroquerie estimée à 7 milliards d’euros. Un million d’investisseurs pour un système pyramidal qui a fini par s’effondrer. Son fondateur, Ding Ning, est un autodidacte de 34 ans qui a misé sur les placements en ligne. Il promet, dans des campagnes publicitaires tapageuses, des taux d’intérêt de rêve. Entre 9 et 14,6% garantis.
On ne cesse de le dire, le Chinois est joueur. Ce taux d’intérêt insensé a attiré les petits porteurs douchés par la chute de la bourse. Mais voilà, tout cela n’était que du vent. 95% des projets étaient bidons. Les premiers investisseurs étaient rétribués avec l’argent des nouveaux venus. La plate-forme a tenue 18 mois avant d’être fermée par la police en décembre 2015.
Une histoire qui illustre les errements du secteur financier chinois. Encouragés par le pouvoir politique, les investisseurs se sont lancés dans l’économie dématérialisée, tandis que le secteur industriel s’essouffle. La palme revient peut-être à la plateforme de Dada Group. Elle obligeait ses salariés à racheter ses propres produits financiers pour tenir face au recul du nombre de ses clients.
Selon le Quotidien du peuple, il y avait en novembre 2015, 2600 plateformes de placement direct via internet, du type d'Ezubao. Selon les chiffres officiels cités par le journal, pour un tiers de ces sites, des infractions et des problèmes ont été relevés. Or, la collecte de ces entreprises s’élève au total à 400 milliards de yuans (54,7 milliards d’euros).
Remise en ordre
Face à la recrudescence des problèmes, voire des escroqueries, les autorités chinoises ont ouvert un site internet où les victimes peuvent s’enregistrer. D’autre part, Pékin a également annoncé un vaste programme de lutte contre la fraude sans en préciser les détails. Ces plateformes devront se cantonner à un rôle d’intermédiaire. En outre, elles devront être inscrites auprès d’un organisme réglementaire.
Bref, une remise en ordre d’un secteur qui depuis huit ans fonctionne sans contrôle. Les spécialistes avaient mis en garde contre cette bombe à retardement que constituait ce secteur financier, peu transparent et peu contrôlé.
Il semble que la bombe a explosé.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.