Centrafrique : que sait-on de la future intervention française ?
Les effectifs
Le contingent français compte actuellement 410 hommes en
République centrafricaine, dans le cadre de l'opération Boali lancée en 2002. Un
dispositif essentiellement déployé autour de l'aéroport de Bangui et qui a pour
mission d'apporter "un soutien logistique, administratif, technique et si
besoin opérationnel " à la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique.
Elle vise également à assurer la sécurité des 1.200 ressortissants français
installés dans le pays si la situation l'exige.
Combien de renforts français ? Pas de chiffre précis pour le
moment. Lundi, le Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye a annoncé que
la France allait trimpler son contingent en envoyant 800 soldats
supplémentaires. "Un chiffre qui a du sens ", a déclaré Laurent
Fabius, ce mardi matin sur France Culture. Le ministre français à la Défense, Jean-Yves Le Drian, a estimé de son côté que "la France appuiera cette mission africaine, de
l'ordre d'un millier de soldats ".
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D'où viendraient ces soldats ? Paris
dispose de quelques milliers d'hommes à Libreville et N'Djamena et 350
parachutistes à bord d'un navire militaire dans le golfe de Guinée. Des soldats qui viendraient en renfort de la Misca, force
panafricaine, qui devrait compter 3.600 hommes lors de l'intervention
militaire. Une mission qui pourrait être transformée en opération de maintien
de la paix, d'après un rapport étudié lundi à l'Onu. En clair : les soldats de
la Misca pourraient bien devenir des Casques bleus. D'après le texte, il faudrait
entre 6.000 et 9.000 hommes.
Quel calendrier ?
Le ministre des Affaires étrangères affirme qu'il ne manque
plus que le feu vert de l'Onu pour le renforcement des troupes africaines de la
Misca et françaises sur place. Paris a déposé un projet de résolution lundi
soir. D'après Laurent Fabius, le vote pourrait avoir lieu
"vraisemblablement la semaine prochaine ".
Quelle durée d'intervention ? "Une période brève, de
l'ordre de six mois à peu près ", a affirmé Jean-Yves Le Drian. D'après le
Quai d'Orsay, "ce ne sera pas du tout le même genre d'intervention qu'au
Mali. Ce ne sera pas aussi massif et aussi durable ". Reste que les troupes
françaises vont être confrontées à un pouvoir instable et une armée à reconstruire,
deux missions qui prennent du temps. D'où l'intérêt d'une prise de relais
africaine le plus rapidement possible.
Quel type d'opérations ?
Le général Vincent Desportes a estimé sur France 24 que cette
opération s'annonce "plus délicate et plus compliquée que Serval " car
"une situation comme celle de la Centrafrique où les cibles ne sont pas
clairement identifiées, où les gens ne portent pas d'uniforme, et où
l'adversaire ne se saisit pas de territoires s'assimile à un vrai guêpier.
C'est pourquoi la France y va sur la pointe des pieds ".
L'intervention relève donc plus du maintien de la paix que
de l'action de guerre. "Ca nécessite d'engager des moyens, des unités
assez mobiles pour faire du contrôle de zone : on n'est pas présent partout,
mais par un système de patrouilles mobiles on arrive à limiter l'insécurité, on
peut être dissuasif ", a expliqué un général à l'AFP.
Pour quelle mission ?
Pour son intervention, Paris annonce quatre priorités : la
sécurité, l'humanitaire, la transition politique et le développement
économique. Et la tâche s'annonce compliquée.
Depuis la semaine dernière, les déclarations alarmantes se
multiplient sur la situation en Centrafrique. Ban Ki-moon, le secrétaire
général de l'Onu, a évoqué "un niveau alarmant de violence
inter-communautaire " entre les chrétiens et la minorité musulmane.
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Le
département d'Etat américain parle lui d'une situation
"pré-génocidaire " tandis que Laurent Fabius évoque un pays "au
bord du génocide " depuis le renversement du président François Bozizé en
mars dernier et le début des exactions de l'ex-rébellion Séléka, à majorité
musulmane. Des groupes d'auto-défense chrétiens se sont constitués dans tous
les pays.
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