Forum social : les altermondialistes s'essoufflent mais leurs idées s'imposent
Organisé au départ comme un anti-forum de Davos où se retrouvent chaque année «les maîtres du monde et de la finance», le Forum social mondial (FSM) est né du refus de laisser les pays riches (le G7) de tout décider entre eux.
De là est né l’idée d’un mouvement pour une mondialisation moins inégale, où l’humain serait au centre. «Il ne faut pas laisser les problèmes être résolus d’après la logique de l’argent. Il faut régler les problèmes d’après la logique des gens, c'est-à-dire des besoins humains, des aspirations humaines», a affirmé le militant brésilien Chico Withaker à l’ouverture (le 9 août 2016) de cette douzième édition.
Le Forum social mondiale (FSM) reste le rendez-vous des mouvements sociaux qui s’opposent au néo-libéralisme et qui pensent qu’une alternative est possible.
Forum social mondial : moins de participants
Le FSM de Montréal, premier à se tenir dans un pays du nord, ne s’annonce pourtant pas comme un grand cru en termes d’affluence.
De nombreux militants africains ou latino américains n’ont pas pu se payer le voyage, et 230 conférenciers et invités étrangers n’ont pas obtenu de visa d’entrée. Avec 15.000 inscrits en 2016, on est tout de même très loin des 150.000 participants de Porto Allegre (2003) ou Dakar (2011).
Cela montre toute la difficulté pour un mouvement autogestionnaire peu structuré, d’organiser sur la durée un débat citoyen international, et de faire émerger une société civile mondiale. Le FSM refuse toute organisation formelle, il se veut un espace ouvert visant à approfondir la réflexion.
Lutte contre les paradis fiscaux et la spéculation financière, défense des peuples autochtones, lutte contre le changement climatique, contre la privatisation de l’eau…Les thèmes de discussion n’ont jamais manqué. Le plus difficile à toujours été de faire émerger des alternatives crédibles, dans cette immense agora citoyenne propice à des discussions sans fin.
Une critique sans débouché politique
Si un autre monde semble nécessaire, l’altermondialisme reste une critique, sans véritable débouché politique, si ce n’est la Bolivie et le Venezuela (avec les déceptions que l’on connaît). Le mouvement peine à construire un contre-pouvoir mondial et s’essouffle faute de débouché politique.
«On peut considérer que des mouvements comme les indignés, Nuit debout ou les zadistes, sont des rejetons de la génération FSM», écrit Eddy Fougier, chercheur associé à l’Institut de relations et stratégiques (IRIS).
Pourtant, «les inégalités sociales s’accroissent partout au Nord comme au Sud», a rappelé à Montréal Raphaël Canet, coordonnateur du FSM 2016.
Quelques propositions comme l’annulation de la dette africaine, la taxe (Tobin) sur les transactions financières, ou encore la levée du secret bancaire... sortis des forums sociaux précédents, ont fini par faire leur chemin.
Le néolibéralisme ne fait plus recette
Si le mouvement s’essouffle, les idées altermondialistes, elles, avancent, et même s'imposent. L’Organisation mondiale du Commerce est en échec et la mondialisation ne profite qu'à un petit nombre.
«Le projet idéologique néolibéral s’est effondré», affirme même la journaliste écologiste canadienne Naomi Klein. «Il n’y a plus de vrais croyant du néolibéralisme. Bien sûr, les politiques néolibérales continuent d’être mise en avant, mais elles créent tant de crises et d’inégalités qu’on ne peut plus convaincre le public que c’est bon pour lui».
Reste à savoir qui, de la gauche ou de l’extrême droite, arrivera à rassembler les exclus et laissés pour compte de la mondialisation libérale. En Grande-Bretagne, c’est le parti nationaliste pro-Brexit de Nigel Farage, et non le parti travailliste de Jeremy Corbyn, qui a convaincu les électeurs.
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