Cambodge : ouverture du procès emblématique de trois dirigeants khmers rouges
Des centaines de Cambodgiens s'entassent dans la salle d'audience de la banlieue de Phnom Penh depuis ce matin. Ils attendent de ce procès fleuve, si ce n'est la compréhension du génocide, au moins quelques éléments de réponse sur les faits qui ont conduit à la mort de deux millions de personnes au Cambodge entre 1975 et 1979. Mais les quelque 4.000 parties civiles de ce procès risquent d'être déçues, puisque les trois dirigeants khmers rouges jugés à partir d'aujourd'hui rejettent en bloc les accusations. Beaucoup de Cambodgiens craignent également que l'un d'eux meure avant le verdict, puisque les audiences pourraient durer deux ans.
Les trois octogénaires à la barre n'ont manifesté aucune émotion ce matin à l'énoncé des faits qui leur sont reprochés. Ils sont accusés de génocide, crimes de guerre et crimes contre
l'humanité. "Le parti communiste du Kampuchéa a transformé le Cambodge en un immense camp d'esclavage, imposant à une population entière un système dont la brutalité continue jusqu'à aujourd'hui de défier l'entendement ", a déclaré la procureure cambodgienne, Chea Leang, à l'ouverture du procès, devant le tribunal mi-cambodgien, mi international.
"Ces crimes ordonnés et orchestrés par les accusés comptent parmi les pires jamais infligés à une Nation dans l'Histoire moderne".
Les trois accusés sont d'anciens hauts cadres du parti marxiste totalitaire de Pol Pot,
au pouvoir au Cambodge entre 1975 et 1979. Il
s'agit de l'idéologue
du régime Nuon Chea, de l'ex-ministre des Affaires étrangères Ieng Sary
et du président du régime Khieu Samphan. Une
quatrième personne, l'ancienne ministre des Affaires sociales et
"première dame" Ieng Thirith, épouse de Ieng Sar, échappe au procès. Elle souffrirait de démence et a pour l'instant été déclarée inapte à
être jugée.
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