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Brésil : le crack, la drogue de Sao Paulo

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
Alors que la Coupe du Monde de football se tient au Brésil, en juin 2014, le gouvernement veut tout mettre en place pour donner une image positive de son pays. Mais l’explosion de la consommation de crack dans le pays est en totale contradiction avec ce souhait. L’Etat de Sao Paulo est le plus touché par ce fléau.

Douze photos de Nacho Doce, prises entre 2011 et 2014 dans la ville de Sao Paulo, témoignent de cette situation.

Si le crack est apparu dans les années 90 au Brésil, sa consommation a explosé en 2007. Les frontières qui traversent la forêt amazonienne sont poreuses. De plus, elles sont bordées par les trois principaux pays producteurs de cocaïne dans le monde (Colombie, Pérou et Bolivie), ce qui explique en partie ce phénomène.  (Nacho Doce)
Près de six millions de Brésiliens ont déjà essayé la cocaïne et ses dérivés au moins une fois dans leur vie. Avec deux millions de «crackers», le Brésil est le premier consommateur au monde. Si la majorité des drogués sont des hommes, il n’est pas rare de voir des enfants et des femmes enceintes en prendre. Le crack, considéré longtemps comme la cocaïne du pauvre, touche aussi des usagers de milieux plus aisés.  (Nacho Doce)
Le crack est une drogue extrêmement addictive. Nombre de ses utilisateurs en sont devenus dépendants dès la première bouffée. Elle se présente sous forme de petit caillou que l’on fume dans une pipe. (Nacho Doce)
Ce que l’on nomme Crackland ou Cracolândia sont des territoires à l’intérieur des grandes villes entièrement occupés par les drogués. Les «zombies», comme les surnomment les habitants, se sont installés sur la voie publique au vu et au su de tout le monde. Il est très facile de reconnaître un consommateur de crack à sa démarche chancelante et son regard éteint. (Nacho Doce)
Les villes où le crack est le plus consommé se situent dans l’Etat de Sao Paulo. Si dans les grandes villes l’alcool tient toujours la première place devant les drogues, dans les villes de moyenne importance, le crack arrive à égalité. (Nacho Doce)
Avec ses 18 cracklands, Taubate détient le record de l’Etat et Botucatu, considérée comme la localité la plus sûre, est aujourd’hui touchée par ce phénomène. Les municipalités les plus riches peuvent mettre en place des programmes de surveillance pour empêcher que les trafics ne gagnent les centres ville. Mais celles qui ne reçoivent pas d’aide de l’Etat (seuls 15% des villes en reçoivent) ne peuvent pas s’engager dans un tel combat.  (Nacho Doce)
En 2012, le plus célèbre crakland de Sao Paolo, dans le quartier Estaçao da Luz, où 2 à 3000 consommateurs se droguaient chaque jour, a été démantelé. Mais de nombreux autres ont poussé comme des champignons.  (Nacho Doce)
En 2012, le gouvernement de la présidente Dilma Rousseff a lancé un programme (prévention, répression et soins) pour combattre ce fléau. Plus d'un milliard d'euros a été attribué aux ministères de la Santé et de la Justice. (Nacho Doce)
Des plans de prise en charge des malades ont été mis en place. Dans l’Etat de Sao Paulo, plus de deux cents employés de la santé (médecins, infirmières, travailleurs bénévoles) offrent des soins à près de 300.000 usagers. Une centaine de cliniques d’assistance médicale ambulatoire et plus de 400 centres spécialisés ont été ouverts. Les personnels de santé sont épaulés par la  police militaire et civile.  (Nacho Doce)
Le programme prévoit l'hospitalisation obligatoire pour les patients dont la vie est en danger, mais cette hospitalisation forcée reste très controversée. Si l’orientation vers des centres de réhabilitation se fait avec la permission de la famille, l'hospitalisation peut être faite sans le consentement des proches si le tribunal l’a ordonné. Ceux qui refusent d’être placés sont emmenés de force par le Samu local avec l’aide la police.  (Nacho Doce)
Des médecins critiquent cette mesure indiquant que 90% des usagers de drogues hospitalisés contre leur gré finissent par rechuter. De plus, pour les détracteurs de ces mesures agressives, les cliniques où sont traités les malades ressemblent plus à des prisons qu’à des centres de soins spécialisés. Autre problème pointé du doigt, les drogués en traitement sont issus principalement de la classe moyenne où les familles peuvent payer les soins. Le même soutien doit être accessible à tous. (Nacho Doce)
A Sao Paulo, les bâtiments abandonnés qui servaient de fumeries de crack ont été détruits. Des favelinhas, habitations de fortune faites de cabanes en bois, de bâches en plastique et de cartons sont alors apparues sur les trottoirs. Pour endiguer cela, le maire a mis en place un projet très critiqué par les conservateurs : en échange de la destruction de leurs cabanes, la ville s’engage à reloger les drogués dans des hôtels et à leur offrir un petit emploi rémunéré.  (Nacho Doce)

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