Birmanie : au moins 90 morts dans la répression des manifestations pro-démocratie
Le pays est traversé par une grave crise depuis que la cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi a été évincée du pouvoir par un coup d'Etat militaire le 1er février.
La crise se poursuit. La répression des manifestations pour la démocratie en Birmanie a fait au moins 90 morts, samedi 27 mars, la journée la plus sanglante depuis le coup d'Etat du 1er février au cours de laquelle la junte militaire a fait défiler blindés et soldats dans une impressionnante démonstration de force.
"Au moins 90 personnes [avaient] été tuées à la tombée de la nuit" samedi, a déclaré l'Association pour l'assistance aux prisonniers politiques (AAPP), une ONG locale qui recense le nombre des morts depuis le putsch. Et tandis que les Nations unies évoquaient des "rapports" faisant état "de dizaines de morts, dont des enfants, de centaines de blessés", le secrétaire général de l'organisation Antonio Guterres a condamné "dans les termes les plus forts" cette "tuerie".
Cette brutalité a entraîné sur la scène internationale une série de condamnations et de sanctions touchant les avoirs de nombreux militaires puissants, dont leur chef, mais la pression diplomatique n'a eu jusqu'ici que peu d'impact.
Près de 420 morts depuis le coup d'Etat
La sanglante journée de samedi porte à près de 420 le nombre des personnes tuées dans les violences depuis le coup d'Etat, selon l'AAPP. Les militants pour le rétablissement de la démocratie avaient appelé à de nouvelles manifestations samedi, jour où l'armée organise tous les ans un gigantesque défilé devant le chef de l'armée, désormais à la tête de la junte, le général Min Aung Hlaing.
Dans l'après-midi, pendant que les manifestations se poursuivaient, l'AFP a pu vérifier qu'au moins 25 personnes avaient été tuées, les médias locaux faisant pour leur part état d'un bilan beaucoup plus lourd. Dans la région de Mandalay (centre), les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants, abattant au moins dix personnes dans cinq villes différentes, selon les secouristes.
A Myingyan, un contestataire qui a vu un homme tué par une balle reçue dans le cou a averti que le nombre des morts augmenterait probablement. "Aujourd'hui, c'est comme un jour de révolution pour nous", a-t-il lâché.
"Un jour de terreur"
Dans le nord-est de la Birmanie, dans l'État de Shan, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur un rassemblement d'étudiants à Lashio, faisant au moins trois morts, d'après un secouriste corroborant les informations des médias locaux.
A Nyaung-U près de Bagan, un célèbre site classé par l'Unesco, un guide touristique qui participait à une manifestation a lui aussi été abattu. Des panaches de fumée s'élevaient au-dessus de Rangoun, la capitale économique. Au moins cinq personnes ont perdu la vie dans la nuit de vendredi à samedi quand la police a ouvert le feu sur des manifestants qui réclamaient la libération de leurs amis, ont dit des témoins.
"Les forces armées tuent des civils non armés, y compris des enfants, les personnes qu'elle a justement juré de protéger", a déploré l'ambassade des Etats-Unis en Birmanie dans un communiqué diffusé sur Facebook. "Cette 76e journée des forces armées restera gravée comme un jour de terreur et de déshonneur. Les meurtres de civils non armés, dont des enfants, sont des actes indéfendables", a réagi l'ambassade de l'Union européenne sur Twitter et Facebook.
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