Beyrouth noyée depuis huit mois sous des tonnes d’ordures
Nous sommes à la sortie nord de Beyrouth, au bord d’une rivière qui traverse la ville. A quelques centaines de mètres, la mer méditerranée et l’odeur prenante d’une décharge sauvage qui n’a cessé de grossir depuis huit mois. "On est à 150 mètres de la mer et un peu au-dessus des berges on a sur 200 mètres une montagne de déchets entreposés à même le sol et l’air qui sont en cours de fermentation. C’est irrespirable et ces déchets sont là depuis l’été ", déplore Wadih Al Asmar, l’un des membres du collectif citoyen "Vous puez".
Cette vidéo du collectif "Vous puez" tournée avec un drone montre l'ampleur du désastre
Depuis dimanche, les camions-bennes font de nouveau des rotations entre Beyrouth et Naamé, à 40 kilomètre au sud de la capitale. Face au ras le bol des riverains, le gouvernement a décidé de rouvrir une décharge fermée depuis juillet. Mais ce n’est pas une solution selon Wadih. "Ce qu’on demande au gouvernement depuis le début c‘est de décentraliser cette question de la gestion des déchets, de rendre la gestion des déchets aux municipalités, d’obliger les municipalités à adopter des solutions pérennes qui respectent l’environnement et surtout d’avoir un plan stratégique à long terme pour la gestion des déchets ménagers ", explique le militant.
A Saïda, des déchets invisibles
Une ville justement, la troisième ville du Liban, Saïda, a décidé il y a trois ans d’agir en construisant un centre d’enfouissement surmonté d’un parc paysager à deux pas d’une usine de traitement des déchets. Le projet d’enfouissement a été confié à un groupe français. "Auparavant ici vous aviez une montagne de déchets de 58 mètres. Aujourd’hui on est dans un espace qui est complétement intégré au niveau paysager, toutes les matières recyclables ont été recyclées. C’est un exemple pour le Liban. Il faudrait une décision politique dans d’autres endroits avec des financements qui aillent avec ", souligne Pierre Yves Pouliquen, directeur général délégué de Suez.
Des financements et surtout une volonté politique. Le maire de Saïda, Mohamad Seoudi, y a passé tout son mandat. "Vous savez, malgré toutes ces questions d’argent, ça n’a pas été un problème. C’est une question de détermination. Je suivais le projet tous les jours. L’argent du gouvernement, ce n’était pas facilement à prendre mais on a trouvé les moyens de les convaincre. Et on a réussi ! " explique-t-il. Un projet à moins de 20 millions d’euros pour débarrasser une ville de 200.000 habitants de 35 ans de production de déchets.
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