Au moins 120 morts au Nigéria à la grande mosquée de Kano
Ce sont d'abord deux kamikazes qui se sont fait exploser devant la grande mosquée de Kano, ville du nord du Nigéria peuplée de 10 millions d'habitants, en pleine prière du vendredi. Puis "des hommes armés ont ouvert le feu sur ceux qui tentaient de fuir ", raconte Emmanuel Ojukwu, le porte-parole de la police nigériane. Au moins 120 personnes ont été tuées dans ce déchaînement de violence et 270 autres blessées et le bilan est encore provisoire. Dans les hôpitaux, dans les morgues, des centaines de personnes tentent d'identifier les victmes à la lumière de leurs téléphones portables ou de lampes torches.
Boko Haram désigné
Du côté des assaillants, une quinzaine d'hommes armés ont été repérés. Quatre d'entre eux ont été tués par la foule en colère, les autres ont réussi à s'échapper. Aucun n'a pu être arrêté. Les islamistes du groupe Boko Haram sont fortement soupçonnés.
L'émir de la ville contre les terroristes
La grande mosquée de Kano est dirigée par l'émir de Kano, le second plus haut dignitaire musulman du Nigéria, pays qui compte environ 80 millions de pratiquants, dont la plupart dans le nord. Personne ne sait à l'heure actuelle si l'émir a survécu. La semaine dernière, Mohammed Sanusi II a pris de très fortes positions contre Boko Haram. Il avait appelé la population à prendre les armes contre les islamistes, fustigeant l'incompétence et l'inefficacité de l'armée à défendre les civils. Des paroles très rares dans la bouche de dignitaires du pays. Mais l'émir, ancien gouverneur de la banque centrale nigériane, démis de ses fonctions en février pour avoir dénoncé le détournement de 20 milliards de dollars de fonds publics par la compagnie pétrolière nationale, est réputé pour son franc-parler.
13.000 morts depuis 2009
Boko Haram accuse les dignitaires musulmans nigérians de trahir la religion en soutenant le gouvernement. Le groupe mène des attaques quasi quotidiennes dans le nord du pays, utilisant notamment des femmes kamikazes. Des milices locales ont d'ailleurs réussi à déjouer un autre attentat dans la ville de Maiduguri, toujours dans le nord. En janvier 2012, un autre attentat avait fait 185 morts Kano. Les violences de Boko Haram et leur répression sont une véritable guerre au Nigéria, qui a fait 13.000 morts et 1,5 million de déplacés dans le pays depuis 2009.
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