Atiq Rahimi : le lycée d’Istiqlal "était le nid des intellectuels et des artistes"
"C'est à l'intérieur de ce lycée que j'ai grandi, fait mes études, et où j'ai lu Victor Hugo, lu Duras et vu les films de la Nouvelle Vague. J'y suis entré en 1978. C 'était juste avant l'arrivée des troupes soviétiques," se souvient Atiq Rahimi, prix Goncourt 2008 pour son livre Syngué Sabour . Il ajoute que c'est de ce lycée, "inauguré en mai 1968 par Georges Pompidou en pleine période des événements" que sortent la plupart des intellectuels afghans "comme le grand poète Bahodine Majrouh qui a été assassiné par les islamistes en 1989" . Le lycée d'Istiqlal et le centre culturel Français de Kaboul endommagés par la guerre ont été reconstruits grâce au formidable soutien des auditeurs de Radio France (plus de 4000 dons et 1 million d'euros récoltés début 2002).
"Ce centre culturel est devenu une sorte d'Eden pour la jeunesse à Kaboul. L'année dernière, j'y étais pour un festival du film des droits de l'homme. Quand je voyais tous les jeunes réalisateurs, réalisatrices et tous les intellectuels et artistes échanger entre eux, on voyait que c'était le nid des intellectuels et des artistes."
Une attaque contre la culture
Atiq Rahimi fait aussi remarquer "que ce lycée est voisin du palais présidentiel. Dans cet acte de barbarie, ils attaquent donc la culture mais aussi le palais présidentiel." Selon lui, cet attentat s'explique par le fait que "les talibans ont actuellement plus de pouvoir que s'ils étaient au gouvernement. Ce chaos est le moyen de négocier avec le monde et les pays voisins. Cette situation arrange aussi bien les taliban que les trafiquants de drogue, les hommes politiques ou les islamistes. Sauf la population bien sûr."
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