Comment l'île de Bali se prépare à l'éruption du volcan Agung
L'Indonésie est en alerte maximale, après le réveil de ce volcan explosif. Les spécialistes peinent à prédire si l'explosion va se produire et avec quelle force.
Les autorités ont placé le cratère en niveau d'alerte maximale, lundi 27 novembre. Depuis plusieurs jours, d'épaisses colonnes de fumée grise s'échappent du cratère, et atteignent jusqu'à quatre kilomètres de haut. Plus de 40 000 personnes ont déjà quitté la zone de danger établie autour du mont Agung, et plus de 120 000 voyageurs sont touchés par des annulations de vol. En 1963, ce volcan, situé à l'est de l'île indonésienne de Bali, avait provoqué la mort de 1 600 habitants.
Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait de l'éruption de ce volcan qui inquiète les autorités.
Une explosion potentiellement imminente
Le volcan Agung projette toujours, mardi, d'épaisses cendres volcaniques. De type "explosif", il est riche en eau, et est susceptible de générer des explosions importantes. "Le magma est remonté à la surface [...] et il émet énormément de gaz", décrit le volcanologue Patrick Allard pour franceinfo. Selon des spécialistes, le magma se rapproche du sommet, laissant présager une explosion.
La quantité de magma présente dans le volcan va déterminer si elle va se produire ou pas. "S'il y a, à l'intérieur du mont Agung, un faible niveau de magma, le volcan va libérer l'excès de gaz qui s'est accumulé dans le conduit et l'éruption va s'arrêter là, explique Bani Philipson, autre volcanologue interrogé par Le Monde. En revanche, si le volume de magma est important, la pression va continuer à s'accumuler et il y aura d'autres explosions."
Déjà 40 000 personnes évacuées
Les autorités indonésiennes craignent une explosion majeure. Le cratère avait déjà donné des premiers signes de réveil en septembre dernier, provoquant l'évacuation de 144 000 personnes. La situation s'est ensuite calmée fin octobre, les habitants rentrant chez eux. Le volcan semblait alors s'être rendormi, jusqu'au mardi 21 novembre, lorsqu'il s'est remis à gronder. Après les premiers signes, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont alors fui la zone autour du volcan, rapporte le New York Times (en anglais). Au total, 40 000 personnes ont été évacuées sur les 100 000 habitants, situés dans les zones d'exclusion.
Lundi, les services de sécurité ont élevé le niveau d'alerte au maximum, craignant que la catastrophe de 1963 se reproduise. La zone d'exclusion autour du volcan a été élargie à 10 kilomètres. "A l’époque, la pression à l’intérieur du volcan était telle que les colonnes de fumée atteignaient 25 kilomètres de haut, voire 30", rappelle Bani Philipson au Monde.
L'Indonésie est "la zone où l'activité volcanique est la plus intense au monde, en termes de concentration de volcans (il y en a plus de 140) et [...] de fortes concentrations humaines, ajoute Patrick Allard à franceinfo. Il y a donc un risque très élevé".
Des milliers de touristes bloqués
Si l'éruption n'a pas encore débuté, des cendres projetées dans le ciel empêchent déjà le trafic aérien, dans la région la plus touristique de l'Indonésie, avec 40% des arrivées dans le pays, rappelle le New York Times. Mardi, 443 vols ont été annulés à l'aéroport international de Denpasar, capitale de Bali, fermé jusqu'à mercredi matin au plus tôt. Au total, plus de 120 000 voyageurs ont été concernés par les annulations de vol. Les autorités évacuent par autocar des centaines de touristes jusqu'à Surabaya, à environ 13 heures de route plus au Nord, sur l'île de Java.
Le gouvernement et l'agence de tourisme de Bali ont lancé un appel aux habitants afin qu'ils accueillent gratuitement les voyageurs. "Cela ne me dérange pas de loger gratuitement les touristes que je connais, a témoigné à l'AFP un hôtelier qui a accepté la proposition. Ce n'est la faute de personne. C'est une catastrophe naturelle qu'on n'attendait pas."
Les autorités indonésiennes se sont d'ailleurs montrées rassurantes, affirmant que les touristes présents dans les autres zones de l'île n'étaient pas en danger, rapporte ABC.
Le terrible souvenir de 1963
Les volcanologues craignent des conséquences plus globales de l'éruption du mont Agung. L'éruption de 1963, que certains volcanologues comparent avec ce qui pourrait se produire ces prochains jours, avait "eu un impact important sur le climat de la Terre", rappelle Patrick Allard. Un refroidissement, "selon les zones, de 0,2 à 0,4 degré" avait été enregistré. Mais si les grandes éruptions refroidissent la planète, elles peuvent aussi la réchauffer en prolongeant la durée du phénomène El Niño, explique Le Figaro.
En attendant, des lahars, un mot indonésien qui signifie coulée de boue, ont déjà été observées, rapporte la BBC. Pour le moment, elles n'ont pas fait de victimes, contrairement à l'éruption de 1963, où les nuées ardentes et les coulées de boue avaient été mortelles.
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