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Vidéo Complément d'enquête : "Des esclaves pour produire nos crevettes"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min - vidéo : 3min
Complément d'enquête du 27 novembre 2014
Article rédigé par Valerie Kowal
France Télévisions

La crevette thaïlandaise n'est pas chère. On comprend mieux pourquoi désormais : elle est nourrie grâce aux poissons pêchés par des migrants réduits en esclavage. Et c'est la plus importante ferme de crevettes au monde, CP Foods, qui est pointée du doigt.

La crevette a un arrière-goût amer. En Thaïlande, des hommes sont enchaînés, battus ou tués sur des bateaux de pêche afin de fournir en crevettes les groupes des supermarchés Walmart, Tesco, Costo et Carrefour. Selon le quotidien britannique The Guardian, la plus importante ferme de crevettes au monde, CP Foods, se fournit en nourriture auprès de ces bateaux esclavagistes. Le magazine Complément d'enquête, diffusé jeudi 27 novembre, a enquêté sur cette filière.

D'anciens "esclaves" qui ont réussi à fuir racontent leur quotidien à bord : vingt heures de travail d'affilée, des passages à tabac, de la torture et des exécutions par les capitaines. La plupart de ces travailleurs-esclaves sont des migrants, venus de Birmanie ou du Cambodge pour travailler sur des sites de construction. Mais ils sont souvent embarqués de force sur ces navires, parfois drogués.

Le groupe dont fait partie CP Foods affiche un bénéfice "insolent" de 24,8 milliards d'euros et se surnomme même "la cuisine du monde". L'ONG Anti slavery lance un cri d'alarme : "Si vous achetez des crevettes de Thaïlande, vous achetez le produit de l'esclavage".

Alors même que l'esclavage y est interdit, la Thaïlande est tout de même considérée comme une plaque tournante du trafic d'êtres humains. Il y aurait en tout 500 000 "esclaves" dans le pays.

Après ces révélations, le groupe français de distribution Carrefour a décidé de "suspendre [ses] achats directs ou indirects auprès de CP Foods, jusqu'à ce que la lumière soit faite [sur cette affaire]".

Pour Complément d'enquête, Romain Boutilly et Philippe Mer se sont rendus en Thaïlande mais aussi à Bruxelles, au cœur de l'Europe, où des ONG luttent activement contre ces "crevettes de la honte".

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