Cet article date de plus de sept ans.
Shecab, le taxi pour dames au Pakistan
Pour protéger les femmes des agressions dans les transports, une Pakistanaise de la capitale Islamabad a inventé une plateforme de transport en taxi réservée aux femmes. Le monde du travail leur est désormais ouvert, en toute sécurité et sans se ruiner.
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Pour beaucoup de femmes au Pakistan, le manque de sécurité et l’absence de services de transport abordables empêchent tout accès au monde du travail ou des études. Le Pakistan détient la triste réputation d’être un haut lieu pour les agressions sexuelles. Et les criminels sont souvent impunis.
Pire, les barrières culturelles combinées à des services de transport inadéquats font que les femmes, même éduquées, restent à l’écart du monde du travail. Et quand les services sont disponibles, ils sont souvent hors de prix. «Dans certains cas, les femmes dépensent jusqu’à 40% de leur salaire dans les transports», explique au journal Dawn, Hira Batool Rizvi.
Hira Batool Rizvi est, selon l’expression du journal pakistanais, le cerveau qui a conçu Shecab. Il s’agit d’une appli et d’un service façon Uber qui permet aux femmes de prendre des taxis qui leur sont réservés. Hira a grandi à Islamabad et a été très tôt sensibilisé à la problématique de la sécurité des femmes dans les transports.
Après des études aux Etats-Unis, elle revient au pays avec cette idée de plateforme réservée aux femmes. «Au début, je pensais que des femmes conduiraient des femmes. Mais j’ai abandonné cette option. Au Pakistan, les idées trop radicales échouent. Ainsi le Pink Rickshaw (réservé aux femmes conduit par une femme) n’a pas fonctionné car trop provocateur.»
Alors, Hira se rapproche du réseau des taxis d’Islamabad. En août 2015, elle lance Shecab avec une flotte de cinq véhicules. Aujourd’hui 43 chauffeurs sont affiliés à son application dont huit femmes. Les hommes sont tout aussi militants. «Les femmes font partie de la société et il n’y a pas de raison qu’elles restent à la maison.» «C’est important de les aider dans le monde du travail en leur garantissant un transport sûr.»
Masooma Zehra, une étudiante de l’Université des Sciences et technologie, utilise le service depuis septembre 2016. «La sécurité est très importante pour mes parents. Sans moyen de transport sûr ils ne m’auraient jamais autorisée à fréquenter l’université.»
Ayesha Khan, une jeune femme de 29 ans, ne tarit pas d’éloge pour le service qu’elle utilise depuis quelques mois. «Je peux aller au travail en toute sécurité et partager le taxi avec d’autres femmes pour diminuer le prix de la course. Je me suis même fait de nouveaux amis.»
Ayesha est tellement convaincue qu’elle va rejoindre les rangs de Shecab comme chauffeur.
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