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Procès des Khmers rouges: une survivante cham raconte la décapitation des femmes
Le deuxième procès des deux plus hauts dignitaires, encore en vie, du régime khmer rouge a été marqué, le 13 janvier 2016, par le témoignage d’une survivante de la minorité musulmane des Chams. Elle raconte notamment la décapitation en masse de femmes. L'ONU a reconnu le crime de génocide dans le cas des Chams et des Vietnamiens mais pas pour l'ensemble de la population cambodgienne.
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Dans la capitale cambodgienne, Phnom Penh, où se déroule le procès de deux hauts dirigeants du régime khmer rouge encore en vie, la cour a entendu des détails sur le massacre des femmes musulmanes. Encore adolescente au moment des faits, Math Sor a raconté le 13 janvier 2016, avoir assisté dans son village à la séquestration d’une trentaine de femmes dont certaine ont été enlevées par des cadres khmers rouges.
«J'ai entendu des femmes crier: "S'il vous plaît, ne me violez pas"», a raconté cette femme cham, qui a perdu huit membres de sa famille, dont ses parents et deux sœurs enceintes, pendant le régime des Khmers rouges, entre 1975 et 1979.
Elle affirme également avoir vu des soldats décapiter des femmes. Au-delà des massacres dont elle a été le témoin, Math Sor est revenue sur les humiliations subies au quotidien par les survivants chams: l'obligation de se couper les cheveux, de porter des vêtements noirs, de parler khmer et de manger du porc. En septembre 2015, d'autres survivants avaient évoqué les autodafés de Corans et les noyades collectives.
500.000 Chams sur 700.000 tués
Un premier Cham, It Sen, avait témoigné devant ce tribunal parrainé par l'ONU, le 7 septembre 2015, racontant que «s'ils (les gardiens) nous entendaient parler cham, nous étions emmenés et tués». Ayant réussi à s'enfuir et à échapper à une rafle, il a raconté avoir vu plusieurs dizaines de Chams être noyés dans une rivière. Les Corans «étaient saisis dans les maisons et brûlés» et «ceux qui pratiquaient l'islam étaient arrêtés», a-t-il aussi raconté.
Quelque 20.000 Vietnamiens et entre 100.000 et 500.000 Chams sur 700.000 ont été tués sous Pol Pot, dont le régime, connu sous le nom officiel de Kampuchéa démocratique, a fait deux millions de morts. Un des plus hauts dirigeants et idéologue de ce régime sanguinaire, Nuon Chea, 89 ans, ainsi que l’ancien président du Kampuchéa démocratique, Khieu Samphan, 84 ans, comparaissent depuis 2011 pour leurs responsabilités dans les atrocités commises entre 1975 et 1979 au nom d'une utopie marxiste délirante qui prétendait défaire la société de la contrainte de l'argent et bannir la religion.
Ouverture du procès en appel des 2 derniers anciens dirigeants khmers rouges encore vivants à #PhnomPenh #Cambodge pic.twitter.com/LZZC2AgMFC
— RTSinfo (@RTSinfo) July 2, 2015
Ces deux accusés avaient déjà été condamnés au terme d'un premier procès qui a duré trois ans à la prison à perpétuité. Le deuxième, qui débuté en 2014, se penche sur les accusations de génocide des Vietnamiens et des Chams. Il ne concerne pas les massacres de masse de l'ensemble de la population cambodgienne qui ne sont pas considérés par les Nations Unies comme un génocide.
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