Opposant kazakh arrêté en France : une extradition serait "un arrêt de mort", selon son avocat
La demande d'extradition de l'Ukraine est étudié par la justice française pour le dissident kazakh Moukhtar Abliazov. Dans le même temps, son avocat a demandé une remise en liberté.
C'est une histoire tortueuse où se mêle politique et affaires. Moukhtar Abliazov, ex-dirigeant de la principale banque kazakhe et ennemi juré de l'actuel président Noursoultan Nazarbaïev, vivait discrètement sur la Côte d'Azur, dans une villa à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes), lorsqu'il a été arrêté mercredi 31 juillet par la police française, comme le racontent nos confrères du site Geopolis. Le dissident est depuis incarcéré à la prison de Luynes (Bouches-du-Rhône) où il attend que la justice française examine la demande d'extradition déposée par trois pays, le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine. Une requête relevant du règlement de compte politique, selon sa famille. Explications.
Une cavale mouvementée
Depuis 2009, Moukhtar Abliazov fuit le régime régime autoritaire du président Noursoultan Nazarbaïev. Soupçonné d'avoir détourné 5 milliards de la banque BTA qu'il dirigeait, il obtient l'asile politique au Royaume-Uni. Accusé d'outrage à magistrat par les britanniques, il se réfugie en 2011 en Italie pour éviter une peine de prison de 22 mois.
L'expérience italienne se termine mal avec l'arrestation de sa femme et de sa fille dans la villa romaine de la famille. Elles sont renvoyées deux jours plus tard au Kazakhstan sans avoir pu déposer de recours ni pu demander l'asile politique, comme le prévoient pourtant les lois européennes et italiennes. La polémique entraîne la démission du chef de cabinet du ministre de l’Intérieur Giuseppe Procaccini.
Moukhtar Abliazov poursuit donc son exil en France, sur la Côte-d'Azur, où il a été arrêté par la police. Il attend désormais que la justice décide de son avenir : une remise en liberté ou une extradition vers l'Est.
Une demande d'extradition ukrainienne
La police a française a décidé d'interpeller Moukhtar Abliazov à la suite de la demande d'extradition de trois pays : le Kazakhstan, la Russie et l'Ukraine. Recherché par Interpol, l'ancien président de la première banque kazakh, BTA, a fui son pays en 2009 après l'ouverture d'une enquête pour escroquerie à grande échelle pour un préjudice de cinq milliards de dollars.
Pour l'instant seule la demande de l'Ukraine est à l'étude. Pour l'avocat de Moukhtar Abliazov, l'Ukraine agit en réalité pour le compte du Kazakhstan, qui souhaiterait éliminer cet opposant au régime de Noursoultan Nazarbaïev. "Cette extradition constituerait un arrêt de mort", a prévenu Bruno Rebstock.
Une mobilisation familiale
Madina Ablyazov, la fille de l'opposant, met toute son énergie dans la défense de son père. Elle était mercredi à Paris pour lancer cet appel relayé par Le Parisien : "Mon père est en grave danger. J’espère que la France prendra en compte la question du respect des droits de l’homme dans son dossier".
Soutenu par Amnesty International, qui considère Moukhtar Abliazov comme le principal opposant politique de Noursoultan Nazarbaïev, la famille du dissident multiplie les démarches pour faire libérer Moukhtar Abliazov. Le conseil des enfants Me Peter Sahlas, avocat au barreau de New York, considère que "certains États (..) continuent d'utiliser indûment le système Interpol pour chercher à arrêter des opposants sur la base d'accusations fondées sur des motifs politiques".
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