Opération séduction de Fillon en Chine
"J'avais pour mission de remettre les relations franco-chinoises sur les rails. Je crois que cette mission a été accomplie", s'est félicité François Fillon ce matin. Une mission délicate : le Premier ministre, arrivé à Pékin dimanche au lendemain de l'échec du sommet sur le climat, a dû déployer des trésors de diplomatie pour consolider le "rabibochage" avec la Chine, entamé en avril dernier avec la rencontre entre Nicolas Sarkozy et son homologue Hu Jintao en marge du G20 de Londres. Mais François Fillon a dû marcher sur des œufs car les relations entre Paris et Pékin ont pris un nouveau ton chaotique après les critiques du président français sur le comportement chinois à Copenhague.
Pour recoller les morceaux, François Fillon est même sorti de son habituelle discrétion en confiant que son fils de huit ans apprenait le chinois. Après ces fiançailles, la lune de miel, à en croire le Premier ministre, devrait avoir lieu l'an prochain avec la venue à Shanghai pour l'Exposition universelle de Nicolas Sarkozy, que François Fillon a failli qualifier dans un lapsus de "Premier mi..." avant de se rattraper. La tension accumulée, sans doute....
En cette période de crise économique et alors que la Chine tire la croissance mondiale, plaçant ses interlocuteurs en situation délicate, le Premier ministre devait également faire en sorte de ne pas revenir les mains vides. Si la moisson de contrats est assez faible, les accords portent quand même au total sur plus de 6 milliards d'euros, dont 1,7 milliard de crédit pour le projet de la centrale nucléaire de Taishan (sud). Et pour espérer conquérir de nouvelles parts de marché, François Fillon a plaidé pour un régime de change du yuan plus flexible, qui pénaliserait moins les exportations européennes. Là aussi en des termes choisis pour ne pas froisser Pékin.
Mais la réussite de cette mission a un prix. Et comme d'habitude, c'est la question des droits de l'homme qui a été sacrifiée. Le Premier ministre est en effet resté très discret sur ce sujet, estimant notamment que la Chine avait accompli des "progrès" en la matière grâce à son "développement économique".
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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