Malaisie: la «guerre des classes» s'invite dans la campagne électorale
Même si la Malaisie a affiché en 2012 un taux de croissance de quelque 5,6%, les inégalités sociales et le sentiment d'une mauvaise répartition des richesses reste largement répandu parmi les classes les plus défavorisées.
Les Malais (musulmans, l’islam est la religion officielle), qui représentent 62% de la population malaisienne, bénéficient de privilèges – accès à l’administration et aux entreprises publiques – en tant que premiers à avoir peuplé l’île au VIIe siècle.
Le reste de la population se répartit entre Chinois (24%), qui ont un rôle prépondérant dans l’économie, et Indiens (8%, hindouistes), dont l’émigration a été postérieure. Ni les uns ni les autres ne profitent de la «discrimination positive» mise en place par le gouvernement dans les années 70 en faveur des Malais.
La notion de classe sociale prend le pas sur celle d'ethnie
Alors que les mélanges intercommunautaires sont peu fréquents, les Malais pauvres et les deux minorités ont entamé un rapprochement en 2008, après les précédentes élections, car ils en avaient assez de ne pas profiter la prospérité de leur nation. A cette époque quelque 10% de l'électorat est passé dans l'opposition.
«On ne parle plus d'ethnies. En Malaisie, maintenant, c'est la guerre de classes», affirme Terence Gomez qui est professeur en sciences politiques à l'université Malaya de Kuala Lumpur. Et de conclure : «Nous assistons à un conflit au sein de la communauté malaise et au sein des autres races qui est basé sur la classe sociale.»
Les préoccupations des Indiens avant les élections
De fait, l'écart des richesses entre la classe dirigeante et celle des 28 millions de Malaisiens s'est creusé ces dernières années. Si le gouvernement met en avant l'augmentation de près de 50% du revenu brut par habitant entre 2009 et 2012, l'opposition fait valoir que cela n’a guère profité à la majeure partie de la population qui subit de plein fouet l'inflation.
Et ce ne sont pas 126 euros versés aux familles les plus pauvres qui ont calmé le jeu auprès des intéressés. Certains n’ont pas peur de dénoncer un calcul politique.
La croissance ne suffit pas
Pour regagner la confiance du peuple, Najib Razak, le chef du gouvernement, a lancé un programme d'investissements de 338 milliards d'euros. S’il s'est traduit par la création de millions d'emplois, il n’a pas réduit les écarts de revenus.
Le pays se classe au troisième rang des pays d'Asie où l'inégalité de revenus est la plus importante, derrière la Thaïlande et Singapour.
Après les élections, le parti au pouvoir devra redresser la barre pour permettre changement et ouverture dans une société en attente d’alternance et d’équité.
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