L’ombre de Daech plane sur le plus grand pays musulman du monde, l’Indonésie
Un communiqué a revendiqué l'attaque au nom de l'EI. Dans un communiqué, l'organisation affirme que des «soldats du califat ont pris pour cibles un groupe de ressortissants de la coalition des croisés».
La police a fait état de menaces de l’EI contre le pays. «L'avertissement disait qu'il y aurait un concert en Indonésie et que ce serait dans les informations internationales», a indiqué un porte-parole de la police indonésienne. En décembre 2015, la police avait affirmé avoir arrêté sept suspects, preuve que la menace existait.
Plusieurs centaines de personnes auraient rejoint le groupe djihadiste en Syrie et en Irak en provenance d’Indonésie, plus grand pays musulmans de la planète (90% des 250 millions d’habitants sont musulmans). Des sources font état de 500 à 700 Indonésiens partis combattre, dont des dizaines seraient revenus. Une situation que le pays avait connu dans les années 2000 avec le retour de djihadistes d’Afghanistan.
200 morts à Bali en 2002
L’Indonésie avait été secouée par un attentat qui avait fait plus de 200 morts en 2002 sur l’île de Bali. L’attentat de Jakarta intervient deux jours après l’apparition d’Abu Bakar Bachir dans l’actualité. Cet imam radical, suscpecté dans l'attentat de Bali et qui aurait aujourd'hui prêté allégeance à l’EI, avait été condamné en 2011, à l'âge de 72 ans, à 15 ans d'emprisonnement pour avoir apporté une aide financière au groupuscule al-Qaïda à Aceh, dans la province du même nom, à la pointe nord de l'île de Sumatra. Ce groupe prévoyait d'assassiner le président d'alors ainsi que des Occidentaux.
Le 12 janvier 2016, Abu Bakar Bachir a contesté sa condamnation devant un tribunal où des centaines de partisans l'ont accueilli aux cris de «Dieu est grand».
L'Indonésie avait été précipitée dans sa propre «guerre contre le terrorisme» par les attentats de Bali en 2002. Après ces attaques, la police avait enregistré «des succès notables» contre l’extrémisme religieux, rappelait Le Monde en 2012. Mais en juillet 2009, un attentat avait fait neuf morts dans des hôtels de luxe à Jakarta, «reflet de la difficulté qu'a l'Indonésie à imposer sur le devant de la scène un islam modéré, pourtant solidement ancré dans la société», disait le spécialiste de l’Indonésie, Rémy Madinier en 2012.
L'attentat de Jakarta a provoqué une vive réaction en Indonésie, où une partie de la population est vivement intervenue sur les réseaux sociaux, en reproduisant des slogans ou des images du même type que celles qui avaient circulé à Paris après les attentats de novembre.
JAKARTA IS A SAFE PLACE. DONT RUIN IT. #KamiTidakTakut pic.twitter.com/vZo0nWgNMe
— (@Beela_Styles) January 14, 2016
Une menace régionale
Pour certains, la menace ne touche pas que l'Indonésie. «Il y a des groupes basés à la fois en Indonésie et aux Philippines qui ont prêté allégeance à l'EI et ces groupes doivent être démantelés», a indiqué un spécialiste de la région, Rohan Gunaratna. L'Indonésie et le reste du Sud-Est asiatique ont également été visés par al-Qaïda. Son chef, Ayman al-Zawahiri, a appelé à une «bataille» régionale dans un message rendu public début janvier 2016 adressé aux musulmans d'Indonésie, des Philippines, de Malaisie et des pays voisins. «Les musulmans de la région livrent une bataille idéologique et politique aux laïcs et aux ennemis de la religion», avait-il lancé.
L'Indonésie est désormais considérée comme la dixième puissance économique mondiale. Mais malgré une croissance forte, le pays doit faire face à de nombreux défis, donc celui des inégalités et de la pauvreté. Un terreau toujours favorable pour tenter de déstabiliser ce géant.
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