Les jeunes Chinoises louent leur "prince charmant" pour le Nouvel An
Vendre un baiser, jouer le fiancé d'une inconnue pendant une nuit contre rémunération : ces services fleurissent sur internet en Chine, à l'approche du Nouvel An lunaire, dimanche.
Vendre un baiser, jouer le fiancé d'une inconnue pendant une nuit contre rémunération : ces services fleurissent sur internet mardi 5 février en Chine, à l'approche du Nouvel An lunaire, dimanche. Et à l'occasion de la plus importante fête de l'année, il faut faire bonne figure au sein de la famille : respecter les aînés, satisfaire leur désir de marier leur progéniture ou… de faire connaissance avec le futur gendre ou la future belle-fille.
Vous n'avez personne à présenter à mamie ? Pas de panique, des agences spécialisées sont là pour y remédier. Ainsi, bavarder avec un faux prince charmant ou une dulcinée de circonstance coûte 30 yuans de l'heure (3,5 euros), dîner avec lui 50 yuans, en plus du repas payé par le ou la client(e). La journée entière est facturée 1 000 yuans (118 euros). Serrer la main, étreindre l'autre ou lui donner un baiser sont proposés en option par une agence. Certains prestataires excluent explicitement d'aller plus loin, quand d'autres laissent la porte ouverte, tout en demandant le droit de consulter le carnet de santé du client. Ce genre de services est notamment disponible sur le site d'achat en ligne Taobao (lien en mandarin).
Trouver un conjoint est de plus en plus difficile
Le recours à ces services reflète la pression énorme à laquelle sont soumis les jeunes Chinois - en particulier les femmes - pour répondre aux attentes de leur famille. "En Chine, le point de vue de la famille est plus important [qu'en Occident]. Il faut rendre heureux ses parents", explique Hu Xingdou, professeur d'économie à l'Institut de technologie de Pékin et critique social.
"Les jeunes veulent rentrer chez eux [pour le Nouvel An] mais, en même temps, cela leur fait peur", explique Meng Guangyong, un homme de 29 ans. Originaire de la province du Guizhou, dans le sud-ouest du pays, il vit à Pékin, où il gère un site de rencontres tout en louant ses propres services de faux fiancé. "S'ils n'ont pas encore trouvé de partenaire, leurs parents vont les harceler, les envoyer à des rendez-vous avec de potentiels partis ou trouver quelqu'un qui va jouer les entremetteurs", détaille Meng.
Les exigences matérielles vis-à-vis d'un futur conjoint ont progressé au moins au même rythme que la croissance de l'économie, ajoute Hu Xingdou. De plus en plus d'hommes sont incapables de fournir la dot espérée par la famille de la bru : une belle situation, une voiture, un logement. La cote des femmes sur le marché matrimonial diminue rapidement avec l'âge. Après 27 ans, elles sont considérées comme des "shengnü" ou "femmes en reste", selon une expression stigmatisante devenue monnaie courante.
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