Le président Musharraf a la mainmise sur le pouvoir
Les Etats-Unis ont suspendu les discussions bilatérales annuelles avec le Pakistan portant sur les questions militaires en raison de la situation politique. Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a demandé lundi le retour de la démocratie constitutionnelle au Pakistan "le plus vite possible".
L'ancien premier ministre Benazir Bhutto, rentrée d'exil le 18 octobre, a accusé le chef de l'Etat d'avoir mené "un second coup" d'Etat -après celui de 1999- en déclarant hier l'état d'urgence. Mais elle a reconnu que le Pakistan était "au bord de la déstabilisation". Et n’a pas exclu un accord avec le général Musharraf s'il "rétablit la Constitution et (...) organise des élections libres, justes et impartiales".
Parmi les périls qui menaceraient le Pakistan, le général Musharraf a pointé la vague sans précédent d'attentats suicide, qui ont fait depuis juillet 420 morts, dont 139 le 18 octobre à Karachi, dans le sud.
Depuis la proclamation samedi soir de l'état d'urgence, justifié par le terrorisme islamiste et l'opposition de la Cour suprême à son éligibilité, "entre 400 et 500 personnes ont été arrêtées dans le pays", a annoncé dimanche le Premier ministre Shaukat Aziz. Imran Khan, ex-star du cricket devenu l'un des plus farouches opposants à Pervez Musharraf, a été assigné à résidence.
Ont aussi été interpellés de nombreux chefs de file de l'opposition, des militants des droits de l'Homme et des avocats proches du l'ex-président de la Cour suprême, Iftikhar Mohammed Chaudhry.
Les élections législatives prévues à la mi-janvier pourraient être ajournées d'une. "Sous l'état d'urgence, le Parlement peut se donner jusqu'à une année (...) pour organiser les prochaines élections", explique le Premier ministre pakistanais. Ces élections au suffrage universel direct pour désigner le Parlement et le renouvellement des assemblées provinciales auraient dû consacrer le retour de la démocratie dans cette puissance nucléaire de 160 millions d'habitants, quasiment tous musulmans.
Musharraf a demandé à ses "amis" occidentaux de comprendre sa décision. Accueillie avec préoccupation dans le monde.
Les Etats-Unis, qui ont fait du général Musharraf leur allié-clé dans leur guerre contre le terrorisme, ont jugé "très décevantes" ces mesures d'exception. "Nous allons devoir réexaminer notre aide", a prévenu la chef de la diplomatie américaine Condoleeza Rice. Prévenant tout de suite après que les aides concernant la lutte contre le terrorisme ne seraient pas touchées…
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.