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Le Pakistan de plus en plus sur la sellette

La CIA américaine a ajouté à la polémique autour de l'attitude du Pakistan dans le dossier Ben Laden, en affirmant que le chef d'Al Qaida "aurait pu être alerté" si les autorités pakistanaises avaient été mises au courant de l'opération de dimanche. Le Pakistan le raid "non autorisée". Paris de son côté, fustige le "manque de clarté" d'Islamabad dans la lutte contre le terrorisme.
Article rédigé par franceinfo
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C'est un genre de coup de pied de l'âne qu'inflige le directeur de la CIA, Léon Panetta, au Pakistan. Dans une interview au magazine américain Time, le responsable de la longue traque d'Oussama ben Laden explique pourquoi le Pakistan n'a pas été mis dans le secret de l'opération qui a abouti à la mort du chef suprême d'Al Qaida : “nous avons décidé qu'une collaboration avec les Pakistanais risquait de mettre en péril la mission : ils auraient pu alerter les cibles”, assène-t-il. Il n'a pas précisé s'il estimait que les services pakistanais étaient truffés de “taupes”, ou si il estimait carrément que les autorités elles-mêmes jouaient volontairement sur les deux tableaux. Toujours est-il que les pays occidentaux sont unanimes à exhorter Islamabad à cesser le jeu des ombres et lumières.

La France s'est d'ailleurs exprimée dans le même sens. Alors que le Premier ministre pakistanais, Yousuf Raza Gilani, doit venir ce soir en visite officielle à Paris, le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, s'est “payé” Islamabad :“ La position du Pakistan manque à nos yeux de clarté, j'espère que nous pourrons obtenir plus de clarté”, a-t-il lancé. “J'ai un peu de mal à imaginer quand même que la présence d'une personne
comme Ben Laden dans un compound ("complexe") important dans une ville relativement petite, même si elle est à 50 km du coeur d'Islamabad, ait pu passer complètement inaperçue”. Et d'assurer qu'il compte demander des explications à son hôte, qui risque de trouver l'hospitalité française un peu rugueuse.

La conversation risque d'autant plus de tourner à l'aigre, que le Pakistan n'est pas en veine de contrition. Au contraire, les autorités pakistanaises ont contre-attaqué, se montrant très critiques vis-à-vis de l'opération américaine. “Le Pakistan exprime sa vive préoccupation et ses réserves sur la manière dont le gouvernement américain a mené à bien cette opération sans information ni autorisation préalables du gouvernement pakistanais”. Elles ont dénoncé les “ actions unilatérales non autorisées ”. Et le ministre des Affaires étrangères pakistanais prévient que ces opérations “minent la coopération”. Une coopération que ne semble déjà pas très solide quand tout va bien.

Grégoire Lecalot, avec agences

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