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Laos: série d'attaques contre des ressortissants chinois
Depuis l'automne 2015, plusieurs citoyens chinois au Laos ont été tués dans la province centrale de Xaisomboun. La diplomatie américaine conseille à ses ressortissants d'éviter cette région qui attire un tourisme alternatif. Les populations locales voient d'un très mauvais oeil la présence chinoise dans le nord du pays où l'extrême pauvreté persiste malgré une croissance économique de 8%.
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Les autorités de ce petit pays de la péninsule indochinoise ont l'habitude de rester discrètes sur les violences qui prennent pour cible des Chinois. Mais l'ambassade des Etats-Unis à Vientiane a signalé sur son site internet, le 12 février 2016, que des attaques «à main armée et à l'aide d'engin explosifs artisanaux», dans la province de Xaisomboun, avaient fait «trois morts et une quatrième personne blessée».
After indiscriminate attacks, US Embassy #Laos personnel restricted from Xaisomboun Prov. https://t.co/D4wYnhN4AC pic.twitter.com/5Y2oPM5X3s
— OSAC (@OSACState) November 20, 2015
De son côté, le ministère des Affaires étrangères chinois a confirmé, dès la fin janvier, la mort de deux de ses ressortissants, alors que d'autres attaques avaient eu lieu en novembre et décembre 2015.
Le sentiment antichinois gagne du terrain
Depuis plus d'une dizaine d'années, la présence chinoise est devenue massive dans ce pays multi-frontalier, enclavé entre la Birmanie, le Cambodge, la Thaïlande, le Vietnam et la Chine, cette voisine dont il est très dépendant économiquement. L'implantation chinoise au Laos passe par la multiplication de chantiers dans la capitale Vientiane. Comme l'imposant hôtel Don Chan Palace, planté au bord du Mékong.
Ailleurs, près de l'ancienne capitale royale, Luang Prabang, la construction d'un complexe hôtelier cinq étoiles chinois, Yannan Luang Prabang, contribue à la transformation d'une région, décrite par Libération en octobre 2015. D'une manière générale, les investissements chinois ne profitent pas à la population laotienne provoquant même le déplacement de familles entières pour laisser place à un casino ou un barrage construit par une entreprise chinoise.
Le Nord, fief des Hmongs
Dans la région de Xaisomboun, des combats opposent armée et rebelles hmongs, ethnie de montagnards anticommunistes, depuis le début des années 2000. Des milliers de Hmongs du Laos avaient été recrutés par la CIA pendant la guerre du Vietnam (1955-1975) et aidaient les forces américaines, notamment dans la zone de la Piste Ho Chi Minh, utilisée par le Nord-Vietnam, dont une partie traversait le territoire laotien.
Obama au Laos pour l'ASEAN
En septembre 2016, le Laos doit accueillir le sommet régional des pays d'Asie du Sud-Est (Asean). Barack Obama sera alors le premier président américain en exercice à rendre dans cette ancienne colonie française. Fin janvier, John Kerry, ancien combattant de la guerre du Vietnam, s'était rendu dans l'Etat communiste. C'est le deuxième secrétaire d'Etat américain à effectuer une visite officielle au Laos depuis le milieu des années 50, après Hillary Clinton en 2012.
El secretario Kerry con el primer ministro de Laos con quien se reunió ayer. pic.twitter.com/am3nFhx9or
— USA en Español (@USAenEspanol) January 25, 2016
Washington s'appuie de plus en plus sur les dix pays de l'Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) pour crédibiliser son nouvel encrage dans la zone face à la Chine. Malgré une croissance de près de 8%, le Laos reste l'un des pays les plus pauvres du monde.
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