La polémique sur les bronzes chinois de Bergé se poursuit
Les deux sculptures, une tête de rat et une tête de lapin, dont la Chine a tenté en vain de faire interdire la vente en début de semaine dernière, ont été dérobées en 1860 lors du pillage par les Français et les Britanniques du Palais d'été de Pékin, pendant la seconde guerre de l'opium. Les deux pièces faisaient partie d'une fontaine à eau imaginée au XVIIIe siècle par le jésuite français Michel Benoist.
L'ensemble jouait sur le thème des 12 animaux du calendrier chinois, devant un des palais de style occidental de l'empereur Qianlong (1735-1795), construit au Palais d'été, dans le nord-ouest de la capitale. Cinq des 12 têtes -- singe, buffle, tigre, cheval et cochon -- ont pu être récupérées ces dernières années grâce à des fonds privés. Le Fonds du patrimoine national de Chine avait acquis en 2003 auprès d'un collectionneur américain la tête de cochon.
Elles ont été cédées chacune pour 15,745 millions d'euros à un acheteur anonyme par téléphone. Cai Mingchao, conseiller pour une fondation chinoise spécialisée dans la récupération d'œuvres ou d'objets d'art pillés, s'est présenté comme l'acquéreur, tout en ajoutant qu'il ne paierait pas. Mais le communiqué ne précise pas si M. Cai refuse de payer parce qu'il ne dispose pas de l'argent ou pour une question de principe.
"Je crois que n'importe quel Chinois se serait levé à ce moment précis... J'essaie de tout faire pour faire face à mes responsabilités", a dit, lisant un communiqué, l'acheteur, Cai Mingchao, lors d'une conférence de presse à Pékin. "Mais je dois souligner que l'argent ne peut pas être versé", a ajouté M. Cai, qui dirige une maison d'enchères basée à Xiamen (sud-est). M. Cai est connu sur le marché de l'art. En 2006, il avait acheté pour près de 15 millions de dollars une statue de Boudhha de l'époque Ming, lors d'enchères à Hong Kong.
Kate Malin, porte-parole à Hong Kong de la maison de ventes Christies, qui a organisé les enchères parisiennes, a fait savoir que les deux bronzes ne seraient de toute façon pas remis à l'acquéreur tant que celui-ci ne les aura pas payés. La vente de la collection accumulée pendant cinquante ans par le couple Pierre Bergé et Yves Saint Laurent a rapporté plus de 373 millions d'euros, un record pour une collection privée.
Caroline Caldier, avec agences
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