La Birmanie forcée d'accepter une aide ?
L'ampleur des ravages provoqués par le passage, ce week-end, du cyclone Nargis dans le sud de la Birmanie a suscité une grande émotion, et déjà plusieurs pays proposent leur aide à Rangoun. Mais le contexte particulier birman bloque pour l'instant cet élan humanitaire aux portes du pays.
_ La junte birmane, pouvoir militaire en place depuis 1962, a accepté le principe d'une aide internationale. Un geste rare pour une nation - de fait - coupée du monde, qui avait par exemple refusé les mains tendues après le tsunami de 2004. Mais les étrangers doivent cependant négocier pour entrer dans le pays.
Peut-être, toutefois, que la gravité de la situation pourra infléchir la position des autorités. Le bilan officiel reste de plus de 22.000 morts et 41.000 disparus, sans oublier des millions de sans-abris. Les Etats-Unis évoquent même officiellement la possibilité d'un bilan beaucoup plus lourd : “Il pourrait bien y avoir plus de 100.000 morts dans la région
du delta”, estime la chargée d'affaire américaine en Birmanie, Shari Villarosa.
Beaucoup de Birmans sont encore privés d'eau, de nourriture ou d'électricité. Et les ONG présentes sur place redoutent que la situation n'empire rapidement, avec entre autres des risques d'épidémies très probables.
Pas de visas
Pour l'instant, seules des équipes de l'Unicef, le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU ou Save the Children ont pu distribuer de l'aide à quelques milliers de personnes. La Thaïlande et Singapour, pays voisins, ont envoyé une assistance aérienne. Mais de nombreux travailleurs humanitaires étrangers attendent toujours que soit examinée leur demande de visa. Et un avion d'aide de l'ONU doit décoller d'Italie d'ici quelques jours, le temps que s'organise son chargement.
Ce ne sont pourtant pas les bonnes volontés qui font défaut. Aujourd'hui, le pape Benoît XVI a appelé à l'aide, et plusieurs pays ont signifié leur volonté d'apporter leur assistance. Ainsi des Etats-Unis, qui ont annoncé une aide de 3 millions de dollars, mais qui attendent encore une réponse. La Commission européenne a débloqué deux millions d'euros, et la Norvège 1,3 million. Mais aussi la Chine, le Bangladesh, parmi d'autres.
En France, le Quai d'Orsay souhaite que le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une résolution qui "imposerait" à Rangoun de laisser passer l'aide internationale, selon les propos tenus ce matin par Bernard Kouchner, le ministre des Affaires étrangères.
Matteu Maestracci
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