L'ancien président Khmer rouge à son tour sous les verrous
Lui aussi coulait des jours paisibles, ou presque, au Cambodge. Khieu Samphan était tout de même à l'hôpital, depuis quelques jours, à cause d'une mauvaise chute. Du coup, la police n'a pas eu à aller très loin pour l'arrêter : juste à l'hôpital de Phnom Penh.
Khieu Samphan, qui aurait 76 ans, est l'ancien président du Kampuchéa démocratique -- le nom que les Khmers rouges avaient donné à leur pays. Sa ligne de défense est d'une simplicité désarmante : il a toujours nié être au courant des atrocités du régime. Dans un livre paru la semaine dernière, il nie, encore et toujours, toute politique délibérée des Khmers rouges pour affamer la population ou commettre des crimes à grande échelle.
Il est considéré comme l'intellectuel du petit groupe d'étudiants cambodgiens qui, à Paris dans les années 1950, se nourrirent de communisme avant de revenir dans leur pays former le noyau dur du mouvement de guérilla khmer rouge.
A noter que Khieu Samphan, désormais inculpé de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, a deux avocats : un Cambodgien et un Français. Et pas des moindres : Jacques Vergès, qui a lui-même connu Pol-Pot dans les années 50, à Paris.
Khieu Samphan est le cinquième ancien dignitaire du régime Khmer rouge à être incarcéré. Après Douch, le chef de la tristement célèbre prison S-21 ; Nuon Chea, frère numéro 2 ; Ieng Sary, ancien ministre des Affaires étrangères, et sa femme, Ieng Thirith, ministre des Affaires sociales.
C'est surtout le signe que le calendrier s'accélère : le tribunal devrait pouvoir commencer ses auditions au début de l'année prochaine.
La "révolution" khmer rouge a fait quelque deux millions de morts entre 1975 et 1979. La plupart des victimes sont mortes exécutées, les autres de maladie, de faim ou d'épuisement dans les camps de travail. Pol Pot est mort en 1998 sans avoir été jamais traduit en justice.
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