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Hollande aux Philippines, un des pays les plus exposés aux aléas climatiques

Le président François Hollande s’est rendu le 26 février 2015 aux Philippines pour la première visite officielle d’un dirigeant français dans l’archipel. Au menu des discussions, les relations économiques avec un pays à fort potentiel de croissance. Mais aussi les problèmes climatiques qui accablent les Philippines, fréquemment touchées par de terribles cyclones.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Bateau amené par le cyclone Haiyan à Tacloban (centre des Philippines), le 8 novembre 2013. Photo prise le 21 novembre 2013. (Reuters - Erik De Castro)

Ce déplacement du chef de l’Etat français est une étape sur le chemin de la conférence sur le climat, organisée en décembre 2015 à Paris sous l’égide de l’ONU. François Hollande multiplie ainsi les initiatives pour conjurer l’échec de Copenhague en 2009.

Le choix des Philippines ne doit rien au hasard. L’archipel aux 7017 îles fait partie «des trois pays les plus impactés par les manifestations du changement climatique, avec le Vietnam et le Bangladesh», explique Nicolas Hulot, envoyé spécial du président français pour la protection de la planète. Il subit «de plein fouet ce que les climatologues appellent l'intensification et l'amplification des extrêmes climatiques».

Une étude publiée en 2012 par le cabinet britannique Maplecroft ne dit pas autre chose. D’une manière générale, «des parties importantes de l’économie philippine sont exposées aux typhons, éruptions volcaniques, glissements de terrain, inondations et tempêtes : un fait reflété par les 274 catastrophes majeures survenues depuis 20 ans», résume l’étude.

Terrible Haiyan
Les Philippines sont aussi l'un des pays au monde les plus touchés par l'élévation des températures. Le 8 novembre 2013, le typhon Haiyan avait rasé villes et villages dans un rayon de 400 km dans le centre de l’archipel. Et ce avec des vents soufflant à plus de 300 km/h (les plus violents jamais enregistrés à terre) et des vagues atteignant entre cinq et plus de sept mètres de haut. Bilan humain : 7350 morts, trois millions de personnes déplacées. Un phénomène d’une violence inouïe, jamais observé par les météorologues. A titre d’exemple, 70 à 80% des constructions situées sur la trajectoire de Haiyan auraient été détruites.


Chaque année, les Philippines, pays en développement de 100 millions d'habitants, sont balayées de juin à octobre par une vingtaine de violentes tempêtes et de typhons. Un phénomène dont la fréquence s’amplifie : en décembre 2014, une nouvelle dépression tropicale, Hagupit, a ainsi frappé à nouveau le centre de l’archipel, faisant une vingtaine de morts et détruisant des milliers d’habitations. Plus d’un million de personnes ont été évacuées.

Avec la visite de François Hollande, «l'idée est (…) de rappeler que les changements climatiques sont déjà à l'œuvre et que c'est une crise insidieuse qui génère des tragédies silencieuses», explique Nicolas Hulot. De fait, le changement climatique semble bel et bien à l’œuvre, comme le rappelle le rapport du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), lié à l’ONU. Il opère «sur tous les continents et dans les océans». D’où la conclusion des scientifiques que «la probabilité d’impacts graves, étendus et irréversibles s’accroît avec l’intensification» du phénomène. Haiyan est là pour le rappeler. Autre constatation : les pays du sud sont particulièrement exposés à l’insécurité alimentaire qui en résulte. 

«Si nous laissons faire, il y aura des conflits qui surgiront, des personnes déplacées qui bousculeront les frontières, des luttes, des compétitions de plus en plus violentes pour accéder aux zones protégées des dérèglements climatiques», a expliqué François Hollande en arrivant à Manille.

«Alliance» environnementalo-économique
Pour l’Elysée, les Philippines sont un «interlocuteur privilégié» dans la perspective de la conférence de Paris. Elles incarnent une «voix progressiste parmi des pays en développement» dont certains cultivent «une opposition nord-sud» avec les pays émetteurs de gaz à effet de serre. «Chacun doit faire tout son possible pour affronter les enjeux du changement climatique sans attendre ses voisins pour passer à l'action», avait ainsi lancé le président Benigno Aquino en septembre 2014 lors d'un sommet de l'ONU.

«Nous avons le devoir d'agir ensemble et c'est la raison pour laquelle je suis venu ici aux Philippines, pour lancer un appel, pour sceller une alliance», a déclaré François Hollande le 26 février devant un forum d’hommes d’affaires français et philippins. A ses yeux, si les Etats ont «bien sûr une responsabilité (...), rien ne pourra se faire, si les entreprises, les grandes organisations, les grandes institutions internationales et financières ne se mobilisent pas par rapport à cet enjeu.»

Quoiqu’il en soit, le facteur environnement est un bon argument… commercial. Le président français a ainsi souligné sa volonté et celle de Benigno Aquino de «renforcer le partenariat économique» entre leurs deux pays. Il a aussi évoqué les «besoins considérables des Philippines» dans le domaine du développement durable, des infrastructures ou des énergies renouvelables.

«Les besoins s'élèvent à plus de 100 milliards de dollars», a-t-il affirmé. François Hollande a également mentionné des «projets» d'extension du métro de Manille ou de production d'énergie solaire. «Nous avons des technologies particulièrement brillantes à mettre à votre disposition» pour la transformation des déchets urbains ou de la biomasse en électricité, a par ailleurs fait valoir le locataire de l’Elysée. Il est notamment accompagné de dirigeants d’entreprises porteurs de projets «verts», comme la RATP ou Suez Environnement, ainsi que de patrons de PME engagées dans des projets de centrales solaires.

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