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Elections birmanes : le parti de la junte sûr de l’emporter

La Birmanie vote ce week-end. Ce n'était pas arrivé depuis 20 ans, exception faite d'un référendum constitutionnel en mai 2008. Dans cette dictature, les militaires aux commandes depuis 1962 cherchent à consolider leur assise et à légitimer leur pouvoir. Ils ont créé un puissant parti politique qui intimide et fait campagne de manière illégale, sur le budget de l'Etat. Ne laissant aucune chance aux partis d'opposition de s'exprimer, ils sont sûr de l'emporter.
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C’est la première fois depuis 20 ans que les Birmans vont élire leurs représentants, ceux qui siègeront dans un nouveau parlement bicaméral et des chambres régionales. En 1990, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti de la célèbre dissidente Aung San Suu Kyi, avait remporté haut la main la dernière consultation en date. Mais les militaires n’avaient jamais transféré le pouvoir au parti démocratique. Car depuis 48 ans, c’est l'armée qui détient le pouvoir dans le pays.

Pas plus qu’hier, les militaires n'ont l’intention de céder leur place aujourd’hui. L’organisation de ces élections n’a donc qu’un seul but, légitimer leur assise par les urnes. Au cours de la campagne, ils n’ont laissé aucune marge de manœuvre à l’opposition, paralysée. La Force démocratique nationale (NDF) et le Parti démocrate (PD) - principaux partis de l'opposition après la dissolution de la LND, qui boycotte cette nouvelle consultation - dénoncent la main mise du parti de la junte et l’accusent déjà de tricherie. "Nous avons appris que le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP, pro-junte), avec les autorités des circonscriptions, essayait d'obtenir des votes en avance en trichant, achetant ou menaçant les gens", a écrit vendredi le PD dans un courrier adressé à la Commission électorale. La NDF a indiqué de son côté avoir obtenu des informations similaires.

Mais ces réclamations risquent fort de rester lettres mortes. Selon Aung Naing Oo, politique birman exilé en Thaïlande, les organisateurs du scrutin subissent "une pression immense pour produire des résultats acceptables pour l'USDP, et par extension pour l'armée birmane". Une pression qui s'exprime aussi dans la rue. Durant la campagne, les militaires ont entretenu un climat de tension, notamment à Yangon, la principale ville du pays, afin d'inciter les gens à voter pour leur parti.

Les résultats officiels de ces élections sont attendus dans le courant de la semaine prochaine. En l'absence d'observateurs étrangers, ils seront sujets à caution. La junte, elle, est sûre de l’emporter.

Cécile Mimaut, avec agences

Liens :

  • 2010 Election Watch : Sur le site de l’association française Info-Birmanie
  • News and information about Burma’s election : Site du Burma Project, créé en 1994 pour favoriser une prise de conscience de la situation en Birmanie et aider à une transition vers un régime démocratique
  • Human Rights Watch : Actualité des droits de l’homme en Birmanie (en anglais et en français)

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