Coup d'État en Birmanie : "On ne connaît pas les limites des militaires", témoigne un Français installé à Rangoon
L'armée birmane a mis brutalement fin lundi à la fragile transition démocratique du pays, en instaurant l'état d'urgence pour un an et en arrêtant la cheffe de facto du gouvernement civil, Aung San Suu Kyi. Un ressortissant français, installé à Rangoon depuis 25 ans, témoigne de la crainte qui a saisi le pays.
Placé en quarantaine pour raisons sanitaires dans un hôtel du centre de Rangoon, Boris a regagné la Birmanie dimanche quelques heures avant que les militaires ne décrètent l’état d’urgence. "Là, décrit-il depuis sa fenêtre, je vois en ce moment des camionnettes avec des manifestants qui rentrent, qui sont allés en ville manifester leur contentement pour l'armée. Je les reconnais à leur drapeau, le drapeau birman alors que le NLD, le parti d'Aung Sang Suu Kyi, emploie un ancien drapeau rouge. Mais à part ça, il n'y a rien..."
Un coup d'État silencieux
Comme s’il ne s’était rien passé. Il y a deux jours, les militaires ont repris le pouvoir : un coup d’État condamné par Washington mardi soir, justifié comme "inévitable" par le général en chef birman. On ne sait toujours pas où la dirigeante Aung Sang Suu Kyi a été placée en détention. Un putsch nocturne, et silencieux.
"Toutes les communications y compris la télévision, ont été coupées pendant plus de deux heures, poursuit Boris. Sincèrement, j'ai eu peur..."
Borisà franceinfo
"Si l'armée décide un moment ou à un autre d'être plus répressive, craint Boris, ils peuvent le faire. On ne connaît pas leurs limites."
"C'est un retour en arrière"
Ce chef restaurateur observe la ville, échange avec ses employés. Il se souvient des années de dictature, de la transition démocratique obtenue fièrement il y a dix ans par les Birmans. "On est passé de la dictature à la démocratie sans effusion de sang, soupire Boris, et maintenant tout d'un coup, les militaires arrivent et prennent le pouvoir de force, constitutionnellement, selon eux... C'est un retour en arrière."
En somme, le retour d’une junte que les Birmans redoutent mais qu’ils n’hésitent pas à contester le soir à leur fenêtre, dans un concert de casseroles.
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