Cet article date de plus de neuf ans.
Cambodge: les médecins sans diplôme, héritage des Khmers rouges
Au Cambodge, 70% de la population consulte des médecins sans diplôme ou des guérisseurs, selon l'OMS. Très répandue dans les campagnes, cette médecine «illégale» s’est développée après des années de régime khmer rouge (1975-1979): il était resté moins de 50 médecins sur les près de 600 précédemment en exercice à la suite de l'effondrement de ce régime.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le ministère de la Santé cambodgien a promis de mettre fin à l’exercice des médecins sans licence. Cette pratique «illicite» de la médecine «affecte la vie des gens et la réputation du pays», regrette un responsable du ministère, Sok Srun. «Il n'y a aucune plaque devant leur maison. Ils consultent à domicile à la demande des villageois», explique-t-il.
Cette décision gouvernementale fait suite à un récent scandale sanitaire dans lequel un médecin non-diplômé doit être jugé. Tout un village, dans la région de Battambang (nord-est), a été contaminé par le virus du sida, vraisemblablement en raison de la réutilisation de seringues.
L'AFP a rencontré Ken Mon, 55 ans, un médecin qui consulte à domicile dans la province méridionale de Kampong Speu, à 70 km de Phnom Penh. Sa trousse est pleine de médicaments censés répondre à toutes les situations, du fil pour recoudre les plaies aux seringues pour vacciner les plus petits en passant par les traitements anti-malaria. Ken Mon explique avoir «appris la médecine sur le tas», lors de ses années de maquis dans la région de Samlot, poche de résistance à la frontière cambodgienne où de nombreux Khmers rouges s'étaient retranchés en 1979.
«Le premier jour, ils m'ont donné une seringue et m'ont demandé de faire une injection à un soldat blessé», raconte-t-il, lui-même amputé d'une jambe après avoir sauté sur une mine en 1985. Il explique aussi avoir été formé par des médecins de la Croix-Rouge internationale (CICR) qui apportait, dans les années 1980, une aide médicale d'urgence aux civils blessés, réfugiés dans des camps à la frontière thaïlandaise.
Des sauveurs pour les villageois
Dans un pays où les infrastructures de santé publique restent encore sous-développées et le coût des soins élevés, ces médecins sans cursus sont considérés comme des sauveurs par les habitants de zones reculées. Seuls ceux atteints des pathologies les plus aiguës n'ont d'autre choix que de parcourir de longs trajets en bus pour se faire soigner à l'hôpital. C'est le cas de Heng Hen, venu à l'hôpital pour enfants de Phnom Penh avec ses six petits-enfants pour des symptômes grippaux. «Nous avons peur des soins donnés à la campagne, mais n'avons pas le choix car nous sommes pauvres», explique ce fermier de 45 ans.
Des sauveurs pour les villageois
Dans un pays où les infrastructures de santé publique restent encore sous-développées et le coût des soins élevés, ces médecins sans cursus sont considérés comme des sauveurs par les habitants de zones reculées. Seuls ceux atteints des pathologies les plus aiguës n'ont d'autre choix que de parcourir de longs trajets en bus pour se faire soigner à l'hôpital. C'est le cas de Heng Hen, venu à l'hôpital pour enfants de Phnom Penh avec ses six petits-enfants pour des symptômes grippaux. «Nous avons peur des soins donnés à la campagne, mais n'avons pas le choix car nous sommes pauvres», explique ce fermier de 45 ans.
Le Cambodge compte officiellement 11.000 dispensaires ou hôpitaux, mais 43% ne sont pas en mesure de prendre en charge leurs patients par manque de médecins ou d'équipement, selon une étude de l’Organisation mondiale de la Santé en 2012.
Le Cambodge ne compte que 0,2 médecin pour 100.000 habitants, un niveau similaire à l'Afghanistan. Même un pays voisin comme la Birmanie, au système de santé très déficient, compte 0,4 médecin pour 100.000 habitants. Un pays comme la France en compte 3,2 pour 100.000 habitants, d'après la Banque mondiale.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.